RDC : l’Est en crise, l’Ouest perturbé par les nominations gouvernementales
En effet, depuis le début de l’année, l’Est de la RDC est en proie à des violences perpétrées d’une part par les rebelles dans des bourgades et des zones reculées, et d’autre part par des bandits armés dans les principales villes de la province du Nord-Kivu.
La frayeur des rebelles
La peur règne dans plusieurs agglomérations secouées par les affrontements entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les résistants Wazalendo d’une part, et les rebelles du M23-RDF d’autre part. Ces affrontements se sont rapprochés de la cité stratégique de Sake, provoquant une panique parmi la population civile locale. La terreur a gagné du terrain lorsque les casques bleus de la MONUSCO ont replié sur leur position de Kamoka, située dans le groupement Kamuhonza, favorisant ainsi l’ennemi. Bien que cet abandon soit justifié par les FARDC comme faisant partie d’une stratégie pour mieux cibler l’ennemi, certains estiment que cette attitude présente deux aspects : une complicité et un aveu d’inefficacité à protéger la population et à combattre l’ennemi désireux de prendre la ville de Goma.
Cependant, le M23-RDF doit être considéré comme une menace permanente qui manipule les zones échappant même à son contrôle. Pour détourner l’attention, certains analystes estiment que le M23-RDF crée des diversions en semant l’insécurité dans les régions urbaines avec l’aide de complices au sein des services de sécurité et de la défense.
Par exemple, la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu à la frontière avec le Rwanda, est devenue un foyer de criminalité. Les violences ont récemment augmenté, avec au moins 10 morts en moins de 5 jours. Le dernier acte sanglant est un braquage meurtrier survenu le mardi 9 avril 2024 à l’« Entrée Président », où au moins 4 personnes ont été tuées et plusieurs blessées. Les auteurs ont été arrêtés par les services de sécurité, parmi lesquels des militaires et des membres des Wazalendo.
« Je tiens à vous informer que les auteurs de ce braquage sont déjà entre nos mains », a déclaré le maire de Goma, le commissaire supérieur principal Kamand Faustin, le jeudi 11 avril lors de la présentation de ces criminels parmi 30 autres.
Le matin du vendredi, deux autres corps de civils ont été découverts à Kituku, près de la nouvelle cathédrale au cœur de Goma. Les circonstances de leur mort ne sont pas encore connues.
Loin de Goma, la région de Beni fait face à une montée des violences perpétrées par les terroristes islamistes d’Allied Democratic Forces (ADF). Plus de 30 morts ont été enregistrés ce mois-ci. Ces assaillants non seulement tuent, mais aussi pillent et enlèvent les habitants pour les exécuter plus tard, selon plusieurs sources.
Kinshasa se dispute les postes sans interruption
Alors que le pays est en proie à une escalade de la violence, les politiques se concentrent sur le partage des postes. Pour Félix Tshisekedi, qui doit maintenant récompenser ses lieutenants après une victoire électorale difficile, ces nominations sont essentielles.
La première ministre, Judith Suminwa Tuluka, mène des consultations en vue de la formation du gouvernement. Elle a notamment rencontré Augustin Kabuya, Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Bahati Lukwebo.
La première ministre veut former le gouvernement rapidement et ne souhaite pas être freinée par les politiques.
Vital Kamerhe a déclaré que si Judith Suminwa Tuluka est laissée gouverner sans trop d’interférences, elle apportera le changement nécessaire. Selon lui, son choix n’est pas seulement basé sur son genre, mais aussi sur son intelligence et sa compétence.
« Elle ne travaillera pas seule. Elle sera entourée d’autres femmes et hommes pour que l’équipe gouvernementale soit unie autour des objectifs fixés par le Président », a-t-il ajouté.
Cette compétition politique se déroule à Kinshasa pendant que l’Est de la RDC est en crise à cause des violences perpétrées par des individus sans humanité.
Azarias Mokonzi