Nord-Kivu : Les déplacés de guerre appelés à dénoncer toute tentative d’abus sexuel ou monnayage des services humanitaires
Dans différents camps des déplacés situés dans le territoire de Nyiragongo, des humanitaires de l’association des volontaires pour le service international (AVSI) dans un programme conjoint avec le haut commissariat pour les réfugiés (HCR) dénommé Renforcement de la protection communautaire dans les zones affectées par le déplacement au Nord-Kivu, sensibilisent les déplacés sur les violences basées sur le genre, l’exploitation et abus sexuels, mécanismes de signalement d’exploitation et abus sexuel, ainsi que la politique de tolérance zéro du HCR/AVSI face à l’exploitation et abus sexuels.
Des troupes théâtrales sont utilisées pour jouer des scènes avec comme message la condamnation des actes d’abus sexuels et d’escroquerie à l’égard des déplacés de guerre : « Il y a parfois certains agents des organisations humanitaires qui veulent échanger des services sensés être gratuits contre le sexe chez les femmes et de l’argent chez les hommes. C’est pourquoi nous sensibilisons les déplacés pour leur montrer les risques de tomber dans les pièges de ces personnes animées de mauvaise foi, mais aussi nous leur apprenons à dénoncer ces genres d’antivaleurs » nous a dit Didier BACHIRA et Alain SENZOGA, respectivement coordinateur cash et chargé de suivi et évaluation du projet HCR06.
Cette campagne ne vise pas seulement à décourager les travailleurs des organisations humanitaires, mais aussi les responsables des sites et blocs des déplacés dans le camp, prêchaient les sensibilisateurs de AVSI aux déplacés de guerre : « Lorsque les chefs des sites reçoivent la mission de faire l’enregistrement des ménages, ne donnez aucun franc ou quoi que ce soit pour celà. Si quelqu’un vous demande de payer pour être enregistré sur la liste des bénéficiaires des dons, dénoncez le vite et il répondra de cet acte » avons-nous suivi.
Les déplacés très heureux de ce message n’ont pas caché leur joie. Certains ont d’ailleurs avoué avoir déjà été victimes de toutes ces manœuvres : « A deux reprises j’ai déjà été suivi par un papa qui travaille dans une organisation dont je tais le nom, il me proposait de sortir avec lui en ville, et qu’il allait faire de moi le point focal pendant les séances de distribution des assistances. Maintenant que je suis édifiée, je pense qu’il ne tardera pas à être chassé de son travail parce que je vais le dénoncer avec toutes les preuves » nous a confié une femme déplacée à Kanyarutshinya, qui a préféré garder l’anonymat.
De l’autre côté, c’est Monsieur HABIMANA Jean-Claude un autre déplacé de guerre venu de Rugari, qui nous a dit avoir donné de l’argent à plusieurs reprises pour qu’il se soit enregistré parmi les bénéficiaires des assistances humanitaires : « Nous voyons cela comme normal car, payer pour qu’on soit enregistré c’est une habitude fréquente dans ce camp. Mais aujourd’hui, je viens de prendre les numéros verts que j’appellerai désormais pour dénoncer les chefs des blocs qui nous rançonnent pour nous enregistrer ».
Deux numéros verts sont affichés dans des endroit stratégiques à Munigi et Kanyarutshinya pour dénoncer des actes d’exploitation et abus sexuels et/ou de monnayage de l’aide humanitaire. Il s’agit des numéros 49 55 55 pour tous les réseaux, et le +243 812570222 pour le réseau Vodacom.
Vital Matafula