RDC : les prisons saturées, une affaire des magistrats en quête d'argent ? - Tazama RDC
RDC : les prisons saturées, une affaire des magistrats en quête d’argent ?

RDC : les prisons saturées, une affaire des magistrats en quête d’argent ?

Considérées par la loi comme lieu de rééducation et de protection, les prisons en République Démocratique du Congo sont loin de respecter les droits humains et deviennent de plus en plus des mouroirs, selon plusieurs observateurs contactés par Tazamardc.net ce jeudi 05 septembre 2024. Surpopulation, manque d’hygiène, absence de soins de santé, manque de nourriture, la situation des détenus en RDC demeure très préoccupante. Cette situation est due à la légèreté du gouvernement d’une part et de l’autre du pouvoir judiciaire qui ne s’acquitte pas de ses responsabilités.

Un phénomène cinglant mais toléré

Ce chaos loin de l’humanisme, est causé par la surpopulation carcérale. D’après Maître Christian Boniface, les effectifs des détenus augmentent du jour le jour dans des prisons. Il attribue cette responsabilité aux magistrats qui ont fait de ce phénomène une quête d’argent pour remplir leurs poches.« Les magistrats pensent que le moyen le plus facile de trouver l’argent, c’est l’arrestation. Quand ils arrêtent, ils attendent des avocats qui viendront avec leurs clients soliciter une liberté provisoire ; la caution vous la connaissez, c’est très grave. Si tout cet argent pouvait être canalisé dans le trésor public par exemple, l’État aurait beaucoup bénéficié. Cette pratique d’arrestations en RDC, est une manière de se taper de l’argent » a-t-il fait savoir. A l’en croire, il y a certaines personnes qui ne devraient pas être en prison avant leur condamnation. Maître Christian Boniface rappelle que pour faire la prison, il y a plusieurs éléments qui doivent être réunis.« La prison a une double connotation. D’une part c’est un espace servant de protection pour ceux-là qui courent beaucoup de risques dans la société. C’est l’exemple quelq’un qui est accusé d’avoir tué une personne, court le risque de vengeance par notre population qui a l’habitude de se rendre justice, l’État peut prendre des mesures de le garder quelque part pour le mettre à l’abri du danger. Ainsi des personnes qui commettent des infractions graves qui les exposent, ces personnes peuvent se retrouver dans une prison pour leur protection. Il faut arrêter, quand on trouve des indices sérieux de culpabilité dans le chef de la personne accusée mais on ne peut pas se limiter seulement à ces indices sérieux de culpabilité, on doit aussi savoir si la fuite de cette personne est en crainte. Il y en a plusieurs autres » a-t-il expliqué.Ce surpeuplement engendre des maladies ce qui crée un taux élevé de mortalité, fait savoir pour sa part Maître Fabrice Mulwahali un activiste des droits de l’homme qui pense que l’État doit multiplier des maisons d’arrêts à travers le pays pour mettre terme à ce phénomène.« Les prisons sont devenues des mouroirs et si rien n’est fait le temps venu, des décès en cascade seront engendrés régulièrement. Cette situation est liée d’abord à la défaillance de l’État et à l’appareil judiciaire », explique ce défenseur des droits humains.

Un contrôle pour éviter le surpeuplement

Ce dernier exige un contrôle rigoureux et régulier des magistrats au sein des prisons pour éviter cette surpopulation carcérale.« Combien de fois le contrôle des amigo, cachots, prisons s’effectuent ? Posez la question à ces magistrats. Et c’est au Ministère Public de s’assurer des conditions carcérales, et du nombre des détenus qui doivent être reçus dans une prison. Puisque qu’un détenu au-delà d’être un fauteur, jouit de certains droits. Un autre problème c’est que la détention est devenue quelque peu un business pour certains magistrats c’est-à-dire même pour des faits bénins on arrête, enfin de soutirer quelque chose de caution pour une mise en liberté provisoire. Le principe est clair, la liberté c’est la règle et la détention c’est l’exception. Pour qu’on arrive à arrêter on doit s’assurer que les faits s’avèrent graves, qu’il y a des Indices sérieux de culpabilité et que la fuite de la personne poursuivie soit à craindre mais en défaut on peut toujours appeler quelqu’un, il vient répondre aux questions et il rendre chez-lui, mais ce n’est plus le cas. Il faut améliorer les conditions carcérales et cela passe par la construction des prisons modernes nous avons des espaces et avons des moyens pour ça car le taux des criminalité monte et nous devons préparer un cadre de détention idéale. Les détentions doivent être méritées et le contrôle doit être permanent », a affirmé Me Fabrice Mulwahali.Dans ce même registre, Papy Kasereka du Forum de Paix, une organisation qui lutte pour les droits humains, pense de sa part qu’outre réhabiliter les infrastructures pénitentiaires, la meilleure façon de lutter contre l’engouement dans des prisons, passe par la réduction des détentions préventives.En outre pour améliorer les conditions de vie des détenus, ce dernier propose que des activités agricoles, des fermes pénitenciers pour permettre à ces derniers de produire ce qui va contribuer à leur survie.« Il est possible de créer des activités, par exemple des activités agricoles, des fermes pénitenciers. Cela peut permettre que les personnes qui sont en prison aient le temps de travailler et de produire. Il est possible d’utiliser la main d’oeuvre des personnes qui sont en prison pour utiliser cette nourriture pour nourrir les prisonniers. Il faut penser à faire des fermes agro-pastorales et autres car Plus il y a des personnes en prison, plus l’État a la responsabilité de les nourrir », a-t-il conseillé en appelant l’État à encourager la libération conditionnelle pour des types des prisonniers spécifiques ayant observé un comportement honorable.Depuis sa nomination comme ministre de la justice, Constant Mutamba s’employe sous son leadership à administrer une thérapie de choc, par des réformes judiciaires courageuses et audiences. Parmi ces réformes l’on note le désengagement des prisons pour lutter contre la surpopulation carcérale à travers le pays. Ce désengorgement a été observé à travers certaines prisons du pays dont Makala qui a été une tragédie meurtrière lundi 02 septembre au cours d’une tentative d’évasion.En République Démocratique du Congo, la surpopulation carcérale avoisine régulièrement les 400% selon l’étude d’une organisation juridique. Qu’ils soient en détention préventive ou condamnés, les détenus sont souvent victimes de violations de leurs droits les plus élémentaires. Ils n’ont pas accès à la nourriture, ni aux soins de santé et vivent dans un environnement sanitaire précaire. Beaucoup sont par ailleurs détenus de manière irrégulière et n’ont pas accès à l’appui judiciaire qui leur permettrait de faire valoir leurs droits.

Azarias Mokonzi

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