Nord-Kivu : incendie des maisons à Kaniro, le côté démon des Wazalendo ?
Alors que depuis le 4 août à 00 h, le cessez-le-feu signé entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, sous la médiation de l’Angola à Luanda reste de b vigueur, les affrontements entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) d’un côté et, de l’autre côté, les Wazalendo contre les rebelles M23 « soutenus par le Rwanda », selon les rapports des experts des Nations-Unies, se poursuivent. Les combats continuent à être rapportés dans les villages et localités des territoires de Masisi et Rutshuru, des entités situées dans la province du Nord-Kivu.
En effet, pendant différents affrontements, toutes les parties au conflit, notamment quelques jeunes des groupes d’autodéfense et les rebelles M23, profitent pour commettre des exactions, entre autres des pillages et des tracasseries sur la population civile innocente.
A 2 heures du matin du 3 septembre 2024, près de 49 maisons des civils, dont beaucoup sont commerciales de la localité de Kaniro, en territoire de Masisi, ont été incendiées par des jeunes armés, peu avant un pillage systématique. Les auteurs de ces actes ne sont toujours pas connus. Les Wazalendo se rejettent les responsabilités créant ainsi une confusion dans une zone contrôlée entièrement par les jeunes résistants Wazalendo.
Certaines responsables des structures citoyennes dans la zone accusent les éléments Wazalendo du groupe PARECO du général auto-proclamé Mutayomba d’être auteurs de ces pillages et incendies. des actes fait délibérément pour des raisons de différends qui l’opposaient à un autre chef d’un groupe Wazalendo, Pareco/FF Kigingi KOTALA De Dieu alias Kigeri. Les autres sources qui préfèrent garder l’anonymat, accusent par contre les éléments de Kigingi Kotala Chef militaire de PARECO/FF.
Dans une lettre adressée au Coordonnateur National de la Réserve armée de défense (RAD), consultée par le Groupe de Presse TazamaRDC, l’autoproclamé Général Mutayomba Stanislas rejette ces accusations et s’en indigne .
Ce leader du mouvement PARECO explique qu’ils ont été déployés dans la localité de Kaniro en date du 25 juillet sur demande de sa hiérarchie, pour chasser les M23-RDF avant qu’il ne soit ordonné de quitter Kaniro pour se concentrer à Katale, Lukopfu, Kisuma et Buheno, selon les directives de la réunion du 17 et 18 tenues à Lushebere.
« C’est le mouvement PARECO/FF qui a pris la responsabilité de protection des personnes et de leurs biens dans cette localité de Kaniro », précise Mutayomba, en ajoutant que « le groupe PARECO/FF de Kigingi a initié, depuis le 25 août 2024, une perception illégale de taxe communément appelée Lala Salama de 3000 FC par personne dans cette localité, organise la perception illégale de taxe par boutique, kiosque, buvette, etc. à Kaniro, érige plusieurs points de prélèvement des produits agricoles dans toutes les périphéries de Kaniro ».
Ce chef de file de PARECO rejette en bloc toutes les accusations lui attribuant l’incendie des maisons, boutiques, kiosques. Il appelle à une enquête indépendante de la Coordination nationale de la RAD et appelle la population au calme, demandant de ne pas céder au découragement de l’ennemi.
Tout en déplorant ces incendies et vols, Uwanyirigira Kibindi Innocent Président de Pareco/FF et natif du terroir, rejette toutes les accusations du PARECO du général auto-proclamé Mutayomba.
« Il ne faut pas être juge et partie. comme tous les groupes se sont déjà adressés aux autorités vont prendre le temps d’avoir les informations approfondies et si possible elles vont faire de réquisition pour envoyer ce dossier à la justice pour établir les faits, et punir le responsable », a précisé Kibindi Innocent.
De son côté, 45 civils de Kaniro ont adressé le 04 Septembre 2024 une correspondance d’indignation poignante au gouverneur militaire du Nord-Kivu. Cette population a exprimé son profond mécontentement face à la situation d’insécurité qui sévit dans leur entité. Selon les habitants, les éléments du groupe PARECO du général Mutayomba Stanislas seraient à l’origine de cette insécurité grandissante et seraient impliqués dans plusieurs exactions, dont des meurtres qui ont frappé la communauté.
Les accusations portées contre le groupe PARECO du général Mutayomba sont graves et illustrent un climat de peur et d’angoisse parmi les résidents. Parmi les cas les plus troublants, les habitants évoquent le meurtre tragique de Madama Rubandanibabi Munyabarenzi Espérance, survenu le 10 août 2024. Cet acte, qualifié d’ignoble par les témoins, a laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective de la communauté. De plus, l’incendie de 49 maisons dans le centre de Kaniro le 2 septembre 2024 a exacerbé les tensions et a plongé de nombreuses familles dans le désespoir.
Face à cette situation alarmante, la population demande instamment au gouverneur militaire du Nord-Kivu d’intervenir pour protéger les victimes de ces actes répréhensibles. Ils réclament non seulement une assistance immédiate pour les familles touchées, mais aussi une action décisive pour éliminer les éléments qui compromettent la sécurité dans leur milieu. Les habitants de Kaniro se sentent abandonnés et appellent à une prise de conscience des autorités afin de restaurer la paix et la sécurité dans leur région.
La situation à Kaniro illustre les défis complexes auxquels fait face le Nord-Kivu, une province déjà marquée par des conflits armés et des crises humanitaires. La lettre de la population de Kaniro est un cri du cœur qui met en lumière le besoin urgent d’une action concrète pour garantir la sécurité et la dignité des citoyens. Les autorités militaires sont désormais interpellées pour faire preuve de responsabilité et répondre aux attentes légitimes de la population.
Anicet Kimonyo