A la recherche de la vérité, Neema Murhambo met le débat du coltan sur le grand écran
Considéré comme le minerais très en vogue dans le monde actuel où des pays font la course à l’espace et surtout où les technologies de l’information et de la communication sont indispensables dans la vie des humains partout sur la terre, le coltan est aujourd’hui ce précieux minerais qui alimente débat et discussion entre les politiques, les chercheurs dans plusieurs domaines, les activistes des droits humains et autres.
En effet, dans une approche plus globale, l’activiste et cinéaste congolaise Neema Murhambo amène le débat dans le cinéma avec un questionnement original sur le coltan et d’autres matières premières.
Coltan, ce minerai de notre temps
Le coltan (mot-valise pour colombite-tantalite) est un minerai de couleur noire ou brun-rouge dont on extrait le niobium (d’abord appelé colombium) et le tantale.
Considéré comme un métal stratégique il est surtout utilisé dans la fabrication de condensateurs pour les équipements électroniques mais entre également dans la composition d’alliages de cobalt et de nickel dans l’aéronautique et particulièrement pour la fabrication des réacteurs. On l’utilise aussi comme revêtement dans les échangeurs de chaleur et dans des alliages pour les outils de coupe ou de tournage.
« Nous, [africains-Ndlr] avons perdu la connexion à notre culture suite à l’esclavage et la colonisation qui considère l’homme comme étant le centre de la nature pourtant cela est faux. Le coltan dans notre société était plutôt un médicament pour plusieurs maladies autre fois dont les problèmes mentaux » lance Neema Murhambo.
La gestion de cette ressource que veut le monde, les ressources mondiales de coltan sont réparties dans de nombreux pays, en particulier l’Australie, le Brésil, la Chine, le Canada, l’Espagne ou la RD Congo. Selon plusieurs sources, la RD Congo hébergeait entre 60% et 80% des réserves mondiales connues du minerai. Dans cette région du monde, le coltan est plus source de malheur. Et c’est dans cette région où la réalisatrice du film. Pour elle, la gestion des matières premières pause problème à cause de la surestimation de l’humain.
« L’homme se considère comme le centre de la nature, c’est cela le problème. Il est plutôt un élément, une partie comme tant d’autre. Et s’il agit ainsi, il va gérer mieux et harmonieusement » souligne cet artiste.
Un film tourné avec les victimes des minerais
KATASUMBIKA a été produite dans le cadre de Mahindule. Mahindule, « une résidence de création basée sur les recherches écologiques tout en confrontant les archives près-coloniales, coloniales, postcoloniales et contemporaines. L’édition 2024, explore la question de l’exploitation minière éthique à travers le prisme de l’Écologie Ancestrale, invitant les participants à explorer des approches innovantes qui honorent les connaissances traditionnelles et favorisent le bien-être communautaire » indique un des plateformes de Yole ! Africa, centre qui organise cette résidence.
Dans ce film, « j’examine surtout l’apport de la femme qui est le portail d’une dimension à une autre, dans l’acquisition des connaissances traditionnelles et l’impact des enfants dans la guérison des blessures intérieures liées à l’imposition de la monoculture, caractérisée par l’extraction, la destruction et l’exploitation » indique cette cinéaste.
Un film pour le changement ?
« Katasumbika » qui veut dire le Coltan ou une pierre que l’on ne peut prendre ni soulever sans la permission des ancêtres. C’est un documentaire de création qui soulève la question de l’exploitation minière et de l’effacement de mémoire, des connaissances ancestrales africaines légués par le système dominant de l’exploitation qui en est l’héritage de l’esclavagisme et de la colonisation où l’humain se considère le maître de la nature et en devient son destructeur. Dans ce film, « je suis à la recherche de ces connaissances traditionnelles afin de proposer un monde futur en se basant sur les pratiques ancestrales où les points de vues des autres vivants sont pris en compte, où la coexistence harmonieuse est maître de la nature » explique la réalisatrice.
Neema Murhambo est une activiste et cinéaste basée à Goma, à l’Est de la République Démocratique du Congo , dont son travail suscite une réflexion sur les conséquences de la colonisation sur l’identité spirituelle Africaine et prône l’autonomie agricole comme outil de développement social, et la cohabitation harmonieuse avec les autres vivants, garantissant la durabilité environnementale.
« Tout commence par un pas et j’ai fait le mien » dit Neema. « Le film va apporter le changement sur notre façon d’apercevoir les matières premières dans cette region et pourquoi pas dans le monde » indique cet artiste.
Akilimali S. Chomachoma
Le coltan, une arme qui tue la RDC