RDC: 1 359 soldats et policiers désarmés évacués de Goma à Kinshasa
Dans un contexte de tensions persistantes dans l’Est de la République démocratique du Congo, une opération humanitaire d’ampleur a permis l’évacuation sécurisée de 1 359 militaires et policiers désarmés ainsi que leurs familles de Goma vers Kinshasa. Menée du 30 avril au 15 mai 2025, cette mission a été rendue possible grâce à une coordination étroite entre le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la MONUSCO, les autorités congolaises et les représentants de l’Alliance du Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23).
« Cette opération illustre à quel point le rôle d’intermédiaire neutre est important et irremplaçable lors des conflits armés, que ce soit en Afrique ou ailleurs », a déclaré Mirjana Spoljaric, présidente du CICR.
Pour l’organisation, il s’agit là d’une initiative susceptible de favoriser d’autres accords humanitaires visant à réduire les souffrances dans l’est de la RDC.
Sur près de 2 000 kilomètres, les convois ont franchi des zones sensibles, notamment entre Goma et Lubero, encore exposées aux combats. « Traverser des zones contrôlées par différents acteurs armés nécessite un dialogue constant et des garanties de sécurité solides », a précisé Myriam Favier, cheffe de la sous-délégation du CICR à Goma.
L’opération a mobilisé huit rotations routières, 46 vols en hélicoptère et 23 vols en avion, dans un dispositif logistique mixte impliquant bus, ambulances et camions-citernes, avec l’appui des FARDC et des équipes onusiennes.
Cette mission fait suite à la chute de Goma fin janvier 2025, tombée aux mains de l’AFC/M23, une coalition politico-militaire. Des centaines de membres des FARDC et de la PNC s’étaient alors réfugiés dans les bases de la MONUSCO. Hébergés, soignés et nourris pendant plus de trois mois, ces éléments désarmés attendaient un rapatriement sécurisé.
« Malgré un contexte opérationnel extrêmement difficile, la MONUSCO et tous les partenaires ont travaillé jour et nuit pour assurer le succès de cette opération très sensible », a déclaré Vivian van de Perre, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général de l’ONU en RDC. Elle a salué le « professionnalisme » des équipes et la « compréhension » des populations locales.
Le CICR a veillé à recueillir le consentement libre et éclairé de toutes les personnes concernées, conformément aux Conventions de Genève. Au-delà du simple transport, l’opération visait aussi la réunification familiale et la désescalade des tensions à Goma.
Pour le CICR et la MONUSCO, cette action illustre la capacité de coopération entre acteurs civils et militaires en situation de crise. Elle laisse entrevoir une lueur d’espoir : celle d’une paix possible fondée sur le respect du droit humanitaire et l’engagement collectif à protéger la dignité humaine.
Eugène Vomba