Déclaration RDC-Rwanda : Diplomatie ou compromission stratégique ?,(Analyses) - Tazama RDC
Déclaration RDC-Rwanda : Diplomatie ou compromission stratégique ?,(Analyses)

Déclaration RDC-Rwanda : Diplomatie ou compromission stratégique ?,(Analyses)

Dans un contexte croissant marqué par les tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, Kinshasa et Kigali ont signé une déclaration de principe vendredi 25 avril 2025 pour un accord visant à promouvoir la paix et le développement économique dans la région des Grands Lacs. Cette signature est commentée diversement.

Complémentaire du communiqué de Doha, certains analystes estiment que cette déclaration démontre l’engagement des deux parties à œuvrer ensemble afin de trouver une solution à la crise qui les oppose. Cependant, ces derniers constatent certaines zones d’ombre qui cachent des intérêts égoïstes du Rwanda et des États-Unis dans cette déclaration. L’ABL Congo Action pour une Diplomatie Agissante a d’ailleurs, dans un communiqué publié lundi 28 avril 2025, soulevé des inquiétudes et des interrogations quant à cette déclaration de principe.

Selon l’organisation, la déclaration évoque la paix mais ignore des crimes de guerre, des viols massifs et des massacres bien documentés. Elle reste dubitative sur la rationalité de cette déclaration, car, mentionne-t-elle, il est impossible de lutter contre les groupes armés sans mentionner le rôle du Rwanda dont le retrait a été exigé de la RDC.

Ainsi, face à l’obscurité du libellé, le CADA exige du gouvernement de lui fournir des explications et de lui fournir des clarifications sur le contenu de cette déclaration.

« Le CADA estime que le gouvernement congolais a le devoir d’éclaircir les zones d’ombre qui jettent le trouble sur la déclaration de principes, sans pour autant dévoiler ses stratégies pour les prochaines négociations. Ceci, alors même qu’un partage des ressources stratégiques au profit d’investisseurs américains se profile, sous couvert d’intégration régionale », a déclaré l’ONG dans son communiqué.

Accord de paix ou deal d’intérêt ?

D’aucuns soulignent un accord basé sur un deal d’intérêt, d’influence et d’exploitation sous un vernis diplomatique. Ils dénoncent cette manœuvre et appellent le gouvernement congolais à investir dans l’armée, car ce sont des faiblesses militaires qui ouvrent le couloir aux négociations, inscrites désormais dans la mémoire collective que le crime paie, tant qu’il est efficace.

« Accepter de négocier avec ceux qui massacrent, c’est inscrire dans notre mémoire collective que le crime paie, tant qu’il est efficace. Un État digne ne se met pas à la table avec un groupe qui change de nom comme de façade, simplement parce qu’il n’a pas su gagner sur le terrain. Il tire des leçons, il se renforce, mais ne pactise pas avec les bourreaux. Ce qui est sûr, négocier, ce n’est pas synonyme de se coucher. C’est là toute la différence entre diplomatie responsable et compromission honteuse », a souligné un activiste des droits humains.

Des conciliabules pour couvrir le crime ?

Un autre analyste poursuit qu’à travers ces négociations, il y a des lignes à ne pas franchir. Il énumère des aléas sur l’impunité, le brassage ou mieux encore le mixage.

« Pas de prime à l’impunité : les personnes de part et d’autre qui ont violé les droits humains doivent être poursuivies (par exemple, les tueries de Goma et de Bukavu ne doivent pas rester impunies). Pas de brassage ou mixage des troupes (il faut éviter une autre infiltration de l’armée ou de la police). Le gouvernement de Kinshasa doit éviter toute compromission », martèle l’analyste.

Dans un tweet pressant, l’opposant Prince Epenge a de même soulevé un accord avec l’objectif d’hypothéquer les minerais dans une cogestion inacceptable avec le Rwanda.

« L’histoire retiendra que pour survivre politiquement, Félix Tshilombo a accepté d’hypothéquer les minerais, les parcs, les lacs, les gaz, l’or et les terres du Congo, tout cela en six ans d’un pouvoir mal acquis. Accord et dialogue pour la paix, oui, mais la cogestion du Congo, non. Kagame obtient dans l’accord de Washington ce qu’il n’a pas pu obtenir par les armes au front : toutes les sociétés américaines qui viendront s’installeront au Rwanda, où elles vont créer des emplois, et la RDC sera un gros trou d’où l’on extrait les matières premières ! Le peuple doit se lever, car le Congo, terre d’avenir, est menacé », avait-il dénoncé.

Dans cette déclaration de principe signée par la RDC et le Rwanda, les deux pays s’engagent mutuellement notamment à respecter la souveraineté et les frontières établies. Ils promettent également de soutenir l’intégration économique régionale, notamment en renforçant la transparence dans les chaînes d’approvisionnement des minerais critiques.

Azarias Mokonzi

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