RDC : Bras de fer entre Constant Mutamba et les magistrats, une guéguerre sans fin ?
Depuis les réformes entamées par l’actuel Ministre de la Justice dans le secteur judiciaire, une bataille croisante s’est invitée sur le jeu opposant Constant Mutamba et le Conseil Supérieur de la Magistrature qui ne digère pas les décisions et des mesures prises par ce dernier.
Ces réformes qui rentrent dans le cadre d’assainir le secteur judiciaire selon le ministre de la justice, indisposent certains magistrats qui se voient dépendants du ministère de la justice à travers ces mesures alors que cette compétence revient au Conseil Supérieur de la Magistrature. La guéguerre entre Constant Mutamba et le syndicat des magistrats la fois dernière a démontré des lacunes entre les deux institutions qui se mesurent selon la taille politique et juridique.
D’ailleurs, la goûte qui a fait déborder le vase est l’interdiction de transfèrement des détenus préventifs à la prison centrale de Makala et à la prison militaire de Ndolo par le Ministre de la Justice quelques jours après une tentative d’évasion ratée à Makala lundi 02 septembre 2024.
Réuni ce mercredi 04 Septembre 2024, le Conseil Supérieur de la Magistrature a contesté cette décision.
« Certes l’arrestation est l’exception, mais devant la hausse de la criminalité dans la ville, les arrestations et les détentions opérées par les magistrats constituent une réponse légale et idoine pour sécuriser la population. En effet, le suspect, est toute personne soupçonnée d’avoir commis une infraction ou violé la loi pénale. Demander au magistrat de ne pas l’arrêter ni le transférer à la prison constitue une violation flagrante de la loi et surtout une autre manière d’installer, au sein de la société congolaise, les règles de la vengeance privée et la loi du plus fort », lit-on dans la déclaration ayant sanctionné cette réunion.
Cet organe judiciaire rappelle en outre au Ministre de la Justice que, « la prison centrale de Makala fut construite en 1957 avec une capacité d’accueil de 1.500 détenus pour une population de plus ou moins 250.000 habitants de la ville de Kinshasa. avec l’augmentation exponentielle de la population et l’accroissement de la criminalité, la solution appropriée pour résorber la surpopulation carcérale à la prison de Makala tient à la fois à la construction de nouvelles prisons et maisons d’arrêts, et à l’application stricte de la loi sur la détention ainsi que celle sur le régime pénitentiaire », a fait savoir Dieudonné Kamuleta président du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Dans ce même registre, cet organe rejette en bloc les accusations du Vice-ministre de la justice indexant les magistrats d’être à la base de la tentative d’évasion à la prison de Makala. Pour le CSM « les déclarations du Vice-ministre de la justice sont de nature à exposer les magistrats à la vindicte populaire alors qu’il existe au sein des institutions publiques un cadre de concertation entre le Conseil Supérieur de la Magistrature et le Ministère de la Justice, lieu indiqué pour traiter de questions transversales relatives à l’administration de la justice ».
La guerre interminable qui indisposent le pouvoir exécutif et judiciaire ?
En dépit des lamentations des magistrats, visiblement le ministre de la justice reste imperturbable et est loin de retirer ses décisions. Après son arrivée jeudi à Kinshasa, Constant Mutamba a condamné ce qu’il a qualifié de sabotage des actions du chef de l’État. Pour lui, c’est l’intolérable qui sera sévèrement sanctionné sévèrement sans état d’âme.
« Tous se sont constitués contre moi. Voilà les résultats ! Ça c’est un sabotage des actions du chef de l’État. Et ça ne se passera pas comme ça. Chaque semaine, les magistrats envoient des détenus ici à Makala sans tenir compte de la capacité de cantonnement. Et ça, c’est injuste », a-t-il déclaré.
Ce dernier charge les magistrats d’être à la base de cette tentative d’évasion. Il écarte la thèse selon laquelle, il y a eu tentative d’évasion à Makala.
« Vous venez ici, vous faites sortir des gens clandestinement, ça c’est un acte de sabotage, ce n’est pas l’évasion. Toutefois, moi, j’ai désengorgé, ils ont envoyé le double. Depuis que j’ai commencé, combien de détenus ont été envoyés ici après désengorgement ? C’est cela qu’on saura l’acte de sabotage d’où il est parti. Et on va sérieusement sanctionner » a martelé Constant Mutamba.
Ce ping-pong créé un climat de tension entre le ministre de la justice et ces magistrats. D’aucuns estiment que les réformes entamées par le ministre de la justice viennent dépouiller les magistrats de leur stratégie de gagner de l’argent auprès des justiciables par des voies non reconnues par la loi. Plus d’un congolais encouragent le ministre de la justice de multiplier ces réformes tout en maintenant un climat de collaboration avec le Conseil Supérieur de la Magistrature, afin de sanctionner les magistrats verreux.
Azarias Mokonzi