Boycott de la rentrée scolaire à Rutshuru : un message d'une population en otage - Tazama RDC
Boycott de la rentrée scolaire à Rutshuru : un message d’une population en otage

Boycott de la rentrée scolaire à Rutshuru : un message d’une population en otage

Après deux années passées sans activité scolaire dans le groupement Jomba et une année pour d’autres groupements du territoire de Rutshuru, l’année 2023-2024 s’annonce aussi blanche dans cette partie de la province du Nord-Kivu.

Pendant les vacances, les rebelles du M23 ont accentué les communications demandant aux parents à travers les radios et les églises, de préparer leurs enfants pour la reprise des activités scolaires dès le 4 septembre, date officielle de la rentrée scolaire en République Démocratique du Congo pour cette année.
Mais pour les deux premières journées de la rentrée, aucune école n’a fonctionné par manque des élèves, certaines ayant accueilli moins de 10 enfants, se retrouvant ainsi dans une situation impossible pour le démarrage des activités.
Les parents qui n’ont pas fui ces zones n’ont pas manqué de manifester leur inquiétudes quant à cette reprise des activités, certains disant craindre pour la sécurité de leurs enfants : « Nous aimerions bien voir nos enfants reprendre le chemin de l’école cette année, mais nous ne savons pas s’ils reviendront chaque après midi à la maison sains et saufs. Les rebelles à la recherche des hommes, risqueront de les enrôler de force dans leur groupe » nous a dit un parent sous anonymat.

Certaines écoles primaires de la cité de Kiwanja elles, ont quand-même enregistré des enfants ces deux premiers jours, à l’exemple de l’EP Kachemu, dont les responsables espèrent une amélioration au fil des jours. Les parents qui envoient leurs enfants à l’école, justifient cela par « la présence de la force régionale de l’EAC dans la cité, si non, aucun enfant ne serait libéré par sa famille ».
Par peur des poursuites des rebelles, un préfet des études du groupement Jomba nous a dit: « Nous nous présentons toujours à l’école depuis le début des inscriptions, mais nous ne voyons pas les parents ou leurs enfants venir. Pour rester en paix avec ceux qui nous dirigent (les rebelles ndlr), nous passons du temps dans nos écoles ; si non, nous ne faisons rien ».

Beaucoup d’enseignants se sont déjà réfugié autour et dans la ville de Goma, des parents qui ont des moyens y ont aussi envoyé leurs enfants, aux côtés des milliers qui se retrouvent dans des camps des déplacés.
Cette situation a été la motivation du gouvernement Congolais à décider de la mise en place des tentes qui serviront de salles des classes aux enfants déplacés de guerre dans différents camps en territoire de Nyiragongo, pour permettre à ces enfants de poursuivre leur parcours scolaire malgré les conditions : « On a pris des dispositions pour construire des tentes très rapidement là où se retrouvent les déplacés, de manière à permettre aux enseignants et leurs élèves (qui se connaissent bien), de continuer avec les activités scolaires. Nous allons d’abord déplacer les écoles dans des tentes pour sauver l’année scolaire, le temps que la situation sécuritaire se normalise ».

Les chefs d’établissements qui ont lancé l’année scolaire depuis Lundi 4 septembre dans la cité de Kiwanja, auraient déjà pris contact avec certaines écoles de Goma pour réserver des places à leurs finalistes (de primaire ou du secondaire), afin qu’ils puissent dès la fin de l’année, y passer leurs examens nationaux.
Pendant ce temps les populations présentes dans les zones occupées par le M23 considérées par de nombreuses structures de la société civile comme « des otages », disent attendre impatiemment leur libération par l’armée loyaliste de la RDC.

Anicet Kimonyo

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