Guerre du M23 : Kinshasa s’accroche à la SADC, l’EACRF sanglote

Guerre du M23 : Kinshasa s’accroche à la SADC, l’EACRF sanglote

La frustration des dirigeants congolais vis-à-vis du comportement et des résultats concrets obtenus par l’EACRF depuis son arrivée en République démocratique du Congo ne se cache plus. De Kinshasa à Goma, nombreuses sont les voix qui réclament avec insistance le départ des troupes kényanes, ougandaises, burundaises et sud-soudanaises qui composent l’EACRF.

« Les tensions entre les autorités congolaises et l’état-major de la force est-africaine n’ont cessé de s’accentuer depuis le début de l’intervention, lorsque les premiers soldats kényans ont été déployés sur le terrain, en novembre dernier. Elles semblent même avoir atteint un point de non-retour, le 27 avril, lorsque le départ du général kényan Jeff Nyagah, commandant de l’EACRF depuis novembre 2022, a été rendu public », explique le magazine JeuneAfrique.

Une tension qui a pris une nouvelle dimension depuis la dernière sortie médiatique du président congolais, Felix Antoine Tshisekedi. En effet, dans ses propos, le président congolais a subtilement laissé entendre que le mandat de l’East Africain Community va bientôt prendre fin en RDC.  A l’en croire, la RDC prendra des décisions qui s’imposent à l’endroit de celle-ci, si jamais elle ne se montrait pas assez offensive dans ses opérations. Le Président Tshisekedi a également déploré et révélé que la position que prend actuellement l’EAC n’est pas conforme à celle convenue lors des différentes assises d’avant son arrivée en terres congolaises.

« Comme le mandat de cette force s’achève au mois de juin, si à cette date nous constatons que le mandat n’est pas rempli, nous allons décider de raccompagner ce contingent venu à la rescousse de la RDC avec honneur et le remercier pour avoir essayé d’apporter leur part à la solution de la paix en RDC« , a laissé entendre le Président Félix-Antoine Tshisekedi.

« Aujourd’hui dans certaines localités il y’a une cohabitation observée entre le contingent de l’EAC et les terroristes du M23, ce qui n’était pas prévu dans le programme », a ajouté le président RD. Congolais.

De ce fait, le gouvernement congolais semble déjà tourner le dos à l’EAC et compte s’accrocher sur la SADC dont les troupes ont déjà prouvé de quoi elles étaient capables contre le M23 en 2013.

Selon Jeune Afrique, fâché avec la Communauté d’Afrique de l’Est en raison de ses relations plus que tendues avec le Rwanda de Paul Kagame et de sa défiance vis-à-vis de l’Ouganda de Yoweri Museveni , le chef de l’État congolais semble bien décidé à jouer la carte de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).

Réunie le 8 mai pour le sommet de Windhoek, en Namibie, l’organisation sous-régionale a annoncé le déploiement prochain de forces pour « soutenir la RDC pour restaurer la paix et la sécurité dans l’Est ».

Au-delà de l’appel à une « approche coordonnée », lancé à l’issue de ce sommet auquel assistait, outre Félix Tshisekedi, le Namibien Hage Geingob, le Sud Afriquains Cyril Ramaphosa et la Tanzanienne Samia Suluhu Hassan, les contours de la future intervention restent à définir. Aucune date de déploiement n’est pour l’heure fixée. L’ampleur exacte des forces qui seraient déployées sur le terrain n’est pas connue, pas plus que les pays qui y contribueront en hommes et en matériels.

Une position qui fait froid dans les rangs de l’EAC et sa force déployée dans la partie Est de la RDC. Déjà, Peter Mathuki, secrétaire général de la force de l’East African Community  a réagi. Pour lui, les critiques du président Rd.Congolais ne sont pas tout simplement justifiées.

Pour lui, la situation dans l’Est de la République démocratique du Congo n’est pas à voir selon le cliché que présente le président Félix Tshisekedi. Ce Diplomate Kenyan pense qu’il est précoce d’évaluer cette force alors qu’elle n’a pas encore fait un temps aussi raisonnable sur le sol congolais. Tout de meme, il reconnaît que les résultats jusqu’à présent sont insignifiants par rapport à ceux attendus.

« Dire que la force régionale ne fait rien, en si peu de temps, ce n’est pas juste« , a déclaré Peter Mathuki.

Il estime que s’il faut entrer en détails, « les violents affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23 ont cessé, les rebelles sont en train de se retirer« , et que la suite sera bonne. Une façon de solliciter indirectement encore plus de temps, pour peut-être mettre en jeu d’autres mécanismes qui pourraient aboutir aux bons résultats.

Franck Kaky

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