Enrôlement des électeurs : A Goma, le monnayage ralenti le processus - Tazama RDC
Enrôlement des électeurs : A Goma, le monnayage ralenti le processus

Enrôlement des électeurs : A Goma, le monnayage ralenti le processus

Le processus d’enregistrement et enrôlement des électeurs évolue à pas de tortue dans la province du Nord-Kivu, où jusqu’à ce jour (1 jour de la fin), la CENI n’a pas atteint le 1/4 de la population attendue, un échec d’organisation et de suivi attribué à la CENI par de nombreux habitants de la ville de Goma rencontrés par Tazama RDC.

Dans presque tous les centres d’enrôlement de la ville de Goma, des longues files d’attente sont visibles du matin au soir, et le processus ne semble pas évoluer. Françoise BASEME (d’une cinquantaine d’âge) est ce mercredi 15 mars, à sa troisième journée sacrifiée à la recherche de la carte d’électeur : « Vendredi de la semaine passée, je me suis présentée ici à 5h30′. A ma grande surprise, jusque 17h je n’ai même pas reçu la fiche d’identification qui me permettrait de me faire enrôler, pendant que beaucoup de gens qui étaient venus après moi, étaient appelés et trouvaient des cartes d’électeurs. Hier Mardi je suis revenue, et c’est dans la soirée qu’on m’a enregistré en me demandant de revenir aujourd’hui » dit elle.
Sous une forte pluie, Françoise attend de s’acquitter de son devoir civique, mais sa patience tend vers ses limites suite aux malheureuses révélations qu’elle vient de recevoir de certaines bouches : « J’attend juste que la pluie s’arrête pour que je rentre chez moi. Beaucoup de gens viennent de me confirmer que je ne serai jamais appelée tant que je n’aurais pas payé aux agents de la CENI 5000 francs. Ils feraient mieux de me le dire hier au lieu de me faire passer inutilement cette autre journée ici » déclare avec désolation cette femme tout en essuyant une larme qui s’est échappée de son œil droit.

Depuis quelques semaines, de nombreux habitants de Goma dénoncent sans être entendus le caractère « commercial » qu’a pris le processus d’enregistrement et enrôlement des électeurs à travers les réseaux sociaux, des dénonciations qui devraient faire objet de suivi par les personnes habilitées, estime sous anonymat un travailleur dans l’enregistrement au sein d’un centre de la commune de Karisimbi : « Au départ, on nous avait annoncé des poursuites judiciaires en plus de la révocation en cas de monnayage des cartes d’électeurs. Mais aujourd’hui, moi même je suis surpris de voir chaque soir quand nous fermons les bureaux, les gens se partager des sommes récoltées des électeurs, et au même moment des nouvelles fiches des personnes qu’on appelle désormais « clients » sont complétées; et ce sont eux qui sont prioritaires à l’enregistrement peu importe l’heure à laquelle ils se présentent au centre. Le mal est profond dans notre pays ».
Ce jeune patriote Congolais dit ne pas être prêt à dénoncer ouvertement ces magouilles, de peur qu’il perde sa place : « J’ai une fois dénoncé ce cas auprès de notre chef de centre, il m’a simplement demandé, c’est quoi mon problème dans tout ça. Depuis lors, je me contente de faire ce qui me revient de peur d’être remplacé à mon poste. Mais ce qui est vrai, cela fait partie des raisons pour lesquelles le processus évolue lentement » nous a t-il révélé.

A un jour de la clôture du processus d’enrôlement des électeurs dans la province du Nord-Kivu, la CENI est loin d’avoir atteint 25% des chiffres attendus, d’où la nécessité de prolonger le délai du processus et améliorer son mode de travail.

Vital Matafula

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