
Assistance humanitaire à Rutshuru : Quand les déplacés s’insurgent contre la politisation de l’aide du gouvernement
Le gouvernement congolais, par le biais du président de l’assemblée nationale Mbosso Nkodia et son homologue Bahati Lukwebo du sénat, a dépêché au Nord-Kivu et plus particulièrement en territoire de Rutshuru, une délégation des députés nationaux et sénateurs élus de cette entité sous la conduite du ministre national en charge de l’action humanitaire, représenté par son directeur de cabinet.
Cette délégation est composée entre autres des sénateurs et députés Eugène Serufuli, Célestin Vunabandi, Jean-Luc Mutokambali, Maguy Rwakabuba, Jean-Paul Segihobe et consorts. La délégation a pour mission de se rendre à Rusthuru pour apporter assistance aux déplacés internes après les violents affrontements entre les FARDC et les éléments du M23, ayant occasionnés un déplacement massif des habitants vers les zones jugées sécurisées.
Que s’est-il passé réellement ?
En effet, à la veille de la distribution de l’aide humanitaire, toutes les couches sociales semblent avoir été mobilisées de part et d’autre par les élus du terroir. Certains ont d’ailleurs imprimé des jetons d’accès à l’aide et des calicots dispatchés dans plusieurs coins de Rusthuru. C’est le cas par exemple des députés Maguy Rwakabuba et Katembo Muhindo qui ont vu leurs calicots et jetons être déchirés par les déplacés en colère qui les accusent de vouloir s’approprier l’aide gouvernementale et en faire une récupération politique. Une personne aurait été même blessée à la suite des affrontements entre déplacés et militants.
« Nous avons déchiré leurs calicots parce que nous les avons élu pour plaider notre cause, et malheureusement la mission a été détournée. Ces calicots ne sont pas la paix que nous leur avons demandé. Notre colère est la situation que nous traversons actuellement, notre souci c’est pas l’assistance humanitaire. C’est de nous voir retourner dans nos habitations respectives, du fait que même l’assistance en question suscite des problèmes entre nous », se plaint une déplacée qui s’est confiée à Tazama RDC.
Du côté de la société civile forces vives du territoire de Rutshuru, le même avis est partagé par son président Jean-Claude Mbabaze qui indique que ce moment devait être une occasion pour les élus de compatir avec les populations et non de profiter de leur situation pour faire leurs actions.
« Je voudrais quand même dire que l’aide qui va arriver ne vient pas des politiciens ou des députés, c’est une aide du gouvernement. Et que donc s’ils ne veulent pas des effigies des politiciens, je crois qu’ils ont raison parce qu’on ne peut pas vouloir marchander la vie des populations pour chercher l’électorat; l’aide vient du Gouvernement et s’ils savent qu’ils ont plaidé c’est pas à cette occasion qu’ils devaient venir nous dire que c’est tel qui a donné l’aide, on doit avoir du respect envers ces populations et compatir avec elles. Je crois que la meilleure aide qu’on doit donner à ces populations c’est le rétablissement de la paix « , a-t-il déclaré.
La question qui reste à se poser est de savoir pour quelle fin ces élus ont décidé d’imprimer des calicots et jetons pour une aide gouvernementale ? Veulent-ils se racheter auprès de leur base alors que 2023 approche ? Ces questions et tant d’autres, inquiètent plus d’un observateur.
Notons que l’aide humanitaire du gouvernement constituée des vivres et non vivres est attendue à Rusthuru ce mardi 26 avril en présence d’une forte délégation des députés nationaux et sénateurs, essentiellement fils et filles du terroir.
Freddy Ruvunangiza