RDC : La société civile s’engage dans la lutte contre les flux financiers illicites du secteur minier
Du 29 au 31 octobre 2025 à Kinshasa, la conférence de haut niveau sur les flux financiers illicites d’origine commerciale dans le secteur minier a mis en lumière l’ampleur des pertes subies par la République démocratique du Congo (RDC) et le rôle crucial que peut jouer la société civile pour y remédier.
Selon Prudence Ngoujou, responsable du projet LUCOFFI GIZ, seulement 15% des recettes minières sont engagées par le gouvernement congolais, ça veut dire que la RDC perd à peu près 85% de ces recettes minières, des recettes qui devraient pouvoir permettre au gouvernement congolais de réaliser ses projets de développement, ses projets dans la santé, l’éducation, des infrastructures. « Tout cet argent s’envole chaque année et ne permet justement pas à la RDC d’appliquer les principes de gouvernance les plus transparents, les plus justes et les plus responsables», a-t-elle signifié après la conférence.
Elle a rappelé que depuis 2022, la RDC est sur la liste de crise du GAFI, le Groupe d’actions financières, un organisme international qui « émet des recommandations pour les États, leur permettant de mieux protéger leurs systèmes financiers et de ne pas être vulnérables aux flux financiers, ainsi qu’au blanchiment des capitaux ». Face à cette situation, Mme Ngoujou souligne l’importance de la contribution citoyenne. « Nous nous sommes profondément convaincu que la société civile a un rôle à jouer. La contribution des citoyens dans la lutte contre le blanchiment des capitaux est une nécessité pour tous les pays, pas seulement pour la RDC», a-t-elle rappellé.
Pour renforcer cette mobilisation, la société civile congolaise a mis en œuvre au cours de deux années des activités de sensibilisation, qui ont touchées environ trois cents organisations à travers le pays. « Aujourd’hui, avec cette société civile, nous avons pu développer un outil que nous appelons « Tofongola Vision ». C’est un outil qui permettra à chaque citoyen congolais de pouvoir dénoncer des faits de corruption avérés dont il est témoin. Et justement, les autorités d’enquête vont pouvoir se saisir des informations qui y sont, mener des enquêtes et il y aura des condamnations dans le cas de la corruption et le recouvrement des avoirs », a-t-elle expliqué.
Élodie Ntamuzinda, coordinatrice de l’ASBL Dignité Humaine, a souligné le rôle actif de la société civile dans la gestion transparente des finances publiques. « Lorsque il y a transparence dans la gestion des finances publiques, lorsque qu’il y a transparence dans l’exploitation des minerais en passant par toute la filière jusqu’à l’exportation, c’est la société civile qui en est première bénéficiaire, même avant les services. Et c’est là où nous avons dit, nous ne serons pas seulement la société civile qui lance des alertes, mais aussi qui participe à la recherche des solutions», dit-elle.
Elle a présenté un nouvel outil numérique qui va servir à la récolte des données afin de faciliter le contrôle citoyen. « Nous sommes venus avec l’outil que nous appelons « Tofongola Miso », qui est une application de collecte des données installée sur les smartphones, iPhone, que nous allons lancer officiellement avec les partenaires de l’APLC qui nous accompagnent avec la GIZ, le 11 novembre. Et la société civile est encore bénéficiaire lorsque nous savons que notre pays est bien géré, nous en sommes fiers», explique l’activiste de la société civile.
Mme Ntamuzinda a également exprimé la frustration des acteurs de la société civile face à la persistance de la RDC sur la liste de crise. « Souffrez que nous puissions vous dire que nous sommes les plus malheureux, nous les acteurs de la société civile, lorsque nous sillonnons le monde dans les différentes conférences et qu’on nous dise que notre pays demeure sur la liste crise… nous comprenons que on ne parle pas seulement des dirigeants, on parle aussi des dirigés, puis qu’on nous regarde nous comme acteurs de la société civile. S’il y a le contrôle parlementaire, si ce n’est pas bien fait, nous n’allons pas juger juste les députés, nous devons nous juger aussi comme acteur de la société civile. C’est le pays qui est sur la liste noire et non pas les dirigeants ou un dirigé, nous tous ensemble et c’est pour cela que nous avons formulé toutes les propositions y afférentes», a-t-elle dit avec assurance.
La tenue de cette conférence démontre, selon Mme Ngoujou, un réel engagement du gouvernement congolais à lutter contre les flux financiers illicites et à promouvoir une gestion transparente des recettes minières.
La rédaction