Conférence sur les Grands Lacs à Paris : HRW plaide pour l’aide et la justice en faveur du Congo
Paris accueille ce 30 octobre une conférence internationale consacrée à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs. Cette conférence a pour objectif, selon les organisateurs, de mobiliser un soutien international face à l’aggravation de la crise humanitaire et de donner un nouvel élan aux efforts de médiation menés par les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine. Selon Human Rights Watch, « la conférence vise également à renforcer l’intégration économique régionale, à l’image des efforts menés par les États-Unis pour conclure des accords miniers en échange de la paix, et après l’échec des tentatives à Washington et à Bruxelles pour pousser la République démocratique du Congo et le Rwanda à coopérer ».
L’organisation insiste sur le fait que ces initiatives économiques resteront insuffisantes tant que les médiateurs ne prendront pas en compte « le fait que le conflit dans cette région est alimenté par des décennies d’impunité pour les auteurs de crimes graves dans l’est du Congo ». Human Rights Watch appelle notamment l’Union européenne à « honorer ses engagements en matière de soutien à la justice et de placer la responsabilité pour les crimes graves au cœur de son engagement dans la crise des Grands Lacs et de la vision de paix de la conférence ».
L’ONG rappelle que les groupes armés actifs dans la région ont commis des violations graves et que « toutes les parties au conflit dans l’est du Congo, y compris les forces congolaises et rwandaises, avaient commis de graves violations et exactions qui, dans certains cas, pouvaient constituer des crimes de guerre et crimes contre l’humanité ». Des millions de personnes ont été déplacées, certaines « prises au piège entre les belligérants, alors que l’aide internationale est à son plus bas niveau historique en raison de la réduction quasi totale de l’assistance étrangère américaine», note l’organisation.
Human Rights Watch appelle la conférence à prendre des mesures concrètes et surtout de mettre la pression sur le mouvement rebelle du M23.« Les gouvernements devraient faire pression d’urgence sur le M23 afin qu’il autorise la libre circulation des acteurs humanitaires, notamment la force de maintien de la paix des Nations Unies, et qu’il rouvre l’aéroport de Goma », lâche l’organisation. L’ONG insiste également sur le soutien aux défenseurs des droits humains et journalistes qui sont souvent victimes directes des conflits dans région. « Les défenseurs des droits humains, les journalistes et les militants risquent l’intimidation ou la prison simplement pour avoir osé s’exprimer, que ce soit de la part des autorités congolaises ou du M23», explique notre source.
Pour Human Rights Watch, si la conférence veut vraiment marquer un tournant, elle doit aller au-delà de la rhétorique et promouvoir la justice pour les Congolais pris entre deux feux depuis des décennies.
La rédaction