Nord-Kivu: Depuis Beni, le gouvernement provincial déclare la guerre au recrutement des enfants-soldats
Le Coordinateur principal du Gouverneur militaire du Nord-Kivu en charge de l’intérieur, Éric Kisa Kalobero, a inauguré ce mardi 28 octobre 2025 à Beni, chef-lieu provisoire de la province, un atelier interprovincial de deux jours consacré à l’analyse de l’utilisation des enfants par les forces et groupes armés dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, de l’Ituri, du Maniema et du Tanganyika.
Cette rencontre rassemble divers acteurs impliqués dans la protection de l’enfance et a pour objectif d’établir un diagnostic complet des causes, des dynamiques et des solutions possibles pour faire face à un phénomène qui reste une plaie ouverte dans l’est de la République démocratique du Congo.
Dans son discours d’ouverture, Éric Kisa Kalobero a souligné la vision du Gouverneur militaire du Nord-Kivu, axée sur l’amélioration des infrastructures et la restauration du tissu social. Ces deux leviers sont essentiels pour lutter efficacement contre le recrutement d’enfants par les groupes armés.
« C’est de cette approche toujours, de ces trois axes, que le gouverneur de province travaille nuit et jour pour permettre d’améliorer les infrastructures, permettant d’atteindre les enfants qui ont des problèmes de sortir parce que l’inaccessibilité géographique poserait problème », a-t-il déclaré.
Le Coordinateur a également insisté sur la volonté du gouvernement provincial de renforcer le système de protection de l’enfant grâce à des mécanismes de suivi clairs et mesurables.
« Le gouvernement provincial est heureux ce jour de vous recevoir dans cette salle pour renforcer tout le système possible permettant d’avoir des indicateurs précis qui améliorent les droits de l’enfant », a-t-il ajouté.
Selon lui, la dégradation du contexte sécuritaire a provoqué une désintégration progressive des structures de socialisation notamment les familles, écoles, barzas communautaires, qui assuraient auparavant l’éducation et le bien-être des enfants.
« Les structures de socialisation, j’ai cité les familles, les écoles, les barzas, toutes ces structures aujourd’hui, à cause de l’agression, à cause des années de guerre qui se répètent jour et nuit, sont des facteurs favorisants à ce que l’enfant soit dans un environnement qui n’est plus propice », a-t-il expliqué.
Il a plaidé pour une reconstruction de ces structures, condition essentielle pour atténuer les vulnérabilités des enfants face aux groupes armés.
« Agir pour améliorer les conditions d’arrêter les facteurs de recrutement, c’est agir aussi sur la sécurité, mais c’est de promouvoir la restauration des structures de socialisation des enfants», a-t-il souligné.
Appelant à une mobilisation collective, Éric Kisa Kalobero a exhorté chaque acteur social à jouer pleinement son rôle :
« Que la famille soit responsable et responsabilisée, que les écoles soient responsabilisées, que la coutume soit responsabilisée, que l’administration soit responsabilisée. Bref, que tout le système de la société soit chacun à ce qui le concerne, responsabilisé pour prendre à bras le corps l’avenir de l’enfant », a-t-il insisté.
L’atelier, qui se terminera le 29 octobre, devrait déboucher sur des recommandations concrètes visant à renforcer la coordination interprovinciale et à affiner la stratégie de lutte contre le recrutement d’enfants dans les conflits armés.
« Permettez à votre expertise pendant cette rencontre d’aujourd’hui de fournir des efforts pour permettre à ce que cette fois-ci, nous puissions bloquer et mettre fin à ce genre de pratiques », a-t-il conclu.
Par cette initiative, le gouvernement provincial du Nord-Kivu réaffirme sa volonté de placer la protection de l’enfance au cœur des priorités humanitaires et sécuritaires. Dans un contexte de conflits persistants, cette rencontre représente une étape significative vers une réponse intégrée, axée sur la restauration des valeurs éducatives, familiales et communautaires.
Eugène Vomba