Guerre du M23 : Dossier 4 millions USD, les DDH du Nord-Kivu et Sud-Kivu accusent un ministre de diffamation
Les défenseurs des droits humains du Nord et du Sud-Kivu, en déplacement à Kinshasa suite à la guerre du M23-AFC, ne digèrent pas le communiqué du ministère des Droits humains. Ils ont saisi la Première ministre et cheffe du gouvernement, le mardi 14 octobre 2025, à travers une correspondance.
Dans cette lettre, qu’ils jugent porteuse de propos diffamatoires, ces défenseurs rappellent qu’en date du 7 octobre 2025, le cabinet du ministre des Droits humains avait rendu public un communiqué de presse n°003, dans lequel ils estiment déceler une « maladresse totale », qui cherche à les associer au Rwanda.
« Dans ce document officiel, le ministre a publiquement qualifié les défenseurs des droits humains d’individus regroupés autour des personnalités proches du Rwanda et prêts à cracher sur les intérêts de la République », cite la correspondance.
Ces propos constituent, selon eux, la goutte d’eau qui a suscité leur réaction. Pour les défenseurs des droits humains, l’adresse du ministre des Droits humains représente une atteinte grave à leur dignité, à leur honneur et à leur mission, pourtant reconnue par la Déclaration des Nations unies de 1998, par la Constitution de la RDC et par la Loi n°23/027 du 15 juin 2023 relative à la protection et à la responsabilité du défenseur des droits de l’homme en République démocratique du Congo.
Les signataires de cette correspondance estiment que le ministre des Droits humains cherche à discréditer leurs efforts dans la défense des intérêts supérieurs de la Nation face à l’agression du M23/AFC, appuyée par l’armée rwandaise (RDF), ainsi que leur tâche noble consistant à documenter les crimes de guerre, les violations massives des droits humains et le pillage des ressources naturelles commis dans la partie orientale du pays. Ils rappellent, à ce sujet, que grâce à leurs éléments de monitoring, la base de données de la RDC a été alimentée en vue de la reconnaissance du Génocost.
Les défenseurs des droits humains, qui se sentent lésés, soumettent quatre recommandations à la Première ministre et cheffe du gouvernement. Ces recommandations concernent notamment le rétablissement de la vérité sur la destination réelle des fonds prévus pour la prise en charge des DDH déplacés à Kinshasa ; l’exigence des excuses publiques du ministre des Droits humains ; l’ordonnance de la restitution effective des ressources financières destinées à leur prise en charge, conformément à l’instruction de la Primature ; et la garantie de leur sécurité, de leur dignité et de leur reconnaissance institutionnelle, alors qu’ils continuent, malgré les menaces et l’exil, à défendre les valeurs de justice, de paix et de souveraineté nationale.
Pour rappel, il y a quelques jours, le torchon brûlait déjà entre les défenseurs des droits humains, les acteurs de la société civile du Nord et du Sud-Kivu, déplacés suite à la guerre du M23-AFC, et le ministre des Droits humains. Cette mésentente repose sur un présumé détournement de plus de 4 millions de dollars américains destinés à leur assistance humanitaire.
David Mayani