
RDC : Le fixisme de Jean Pierre Bemba sur Kabila et son passé
Depuis la chute de Mobutu en 1997, la trajectoire politique de Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo (RDC) pendant près de deux décennies, soulève encore d’importantes interrogations. Lors de l’émission Face à Face diffusée sur Top Congo FM, Jean-Pierre Bemba a livré un réquisitoire sans équivoque, remettant en cause l’identité même de Joseph Kabila et son rôle dans la région.
Bemba affirme que « Joseph Kabila n’est pas le fils biologique de Laurent-Désiré Kabila, mais un soldat rwandais placé au pouvoir pour servir des intérêts étrangers ». Il va plus loin, dénonçant « une mise en scène politique », notamment autour de Jaynet Kabila, supposée sœur jumelle de Joseph Kabila, qu’il qualifie d’artifice destiné à renforcer une fiction dynastique. Ces propos, s’ils n’ont pas été corroborés par des preuves indépendantes, illustrent néanmoins le climat de suspicion et de divisions profondes qui agitent la classe politique congolaise.
Au-delà de la question familiale, Bemba dénonce une stratégie d’infiltration rwandaise au sein de l’armée congolaise, la FARDC, qualifiant cette manœuvre de « désarticulation volontaire » facilitant l’intégration progressive de soldats rwandais via des groupes armés comme le CNDP et le M23. Selon lui, « en 18 ans, la RDC payait 66 millions de dollars par mois pour financer l’effort de guerre rwandais », un financement massif qui, d’après lui, a permis de faire tomber Mobutu et d’établir un pouvoir congolais sous influence étrangère.
Ces allégations mettent en lumière les enjeux géopolitiques complexes de la région des Grands Lacs, où la souveraineté congolaise a souvent été mise à rude épreuve par les intérêts concurrents du Rwanda et d’autres acteurs régionaux. Elles invitent aussi à questionner la narration officielle autour de Joseph Kabila, figure centrale de la RDC contemporaine.
Loin d’être de simples accusations, ces déclarations appellent à une réflexion approfondie sur la manière dont les dynamiques internes et externes ont façonné la politique congolaise depuis plus de vingt ans. Si ces accusations demeurent controversées, elles participent au débat public sur la transparence, la souveraineté et la réconciliation nationale, essentiels pour l’avenir du pays.
La RDC se trouve ainsi à un carrefour : saura-t-elle dépasser ces divisions et jeux d’influence pour construire une gouvernance véritablement indépendante et respectée, ou restera-t-elle prisonnière des rivalités régionales ? Le débat engagé par Jean-Pierre Bemba dans Face à Face illustre la nécessité d’une quête renouvelée de vérité et de justice, conditions sine qua non d’une stabilité durable.
Eugène Vomba