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RDC : Kamerhe dénonce une République qui abandonne ses agents

RDC : Kamerhe dénonce une République qui abandonne ses agents

Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a élevé la voix contre une pratique jugée inacceptable. Il dénonce la suspension des salaires des agents de l’État œuvrant dans les zones occupées de l’Est du pays. Lors de la plénière du 9 juin, il a pointé du doigt une politique budgétaire incohérente, porteuse de graves conséquences pour l’unité nationale.

« Concernant les agents, il ne doit pas y avoir de discrimination. Les agents de la RVA comme les enseignants ou les agents de la SNEL ou d’autres agents qui se retrouvent dans les territoires occupés en guerre, vous allez affliger à ces agents une double peine. Non seulement ils sont sous occupation, et vous coupez leur salaire», a lâché Vital Kamerhe.

Par cette déclaration, Kamerhe dénonce une injustice criante. Selon lui, les agents publics, déjà victimes de l’insécurité, sont privés de leurs droits les plus élémentaires. Il questionne la destination de ces salaires suspendus : « Et si vous coupez, cet argent va où ? Et ceux qui sont arrivés à Kinshasa, pourquoi ils ne sont pas payés ? »

Le président de la chambre basse s’interroge aussi sur les inégalités dans le traitement des agents. Alors que certains sont privés de leur salaire, d’autres perçoivent toujours leurs émoluments, notamment dans l’enseignement. « Pourquoi alors on continue à payer les enseignants ? J’ai vu qu’on a réceptionné le mal des examens d’État à Goma. »

Ces dysfonctionnements nourrissent une perception d’abandon sélectif, mettant à mal la cohésion administrative et territoriale du pays.

Kamerhe tire la sonnette d’alarme : en coupant les salaires, la République donne l’impression d’avoir cédé une partie de son territoire. « Il ne faut pas que nous-mêmes nous donnions l’impression que nous avons déjà sacrifié une partie de notre territoire. »

Et de prévenir : « Si on continue avec ce genre d’agissement, les occupants là-bas, avec l’argent de l’ARPI de Mokati du Congo, jouant sur la naïveté de la population, vont prendre cet argent et vont construire des hôpitaux et des routes. On finira par dire : ah bon, il vaut mieux rester avec ces gens plutôt que de rentrer dans le régime du gouvernement central. C’est très dangereux ! »

Cette perspective, redoutée, sonne comme une menace directe contre la légitimité de l’État dans les territoires en crise.

À travers cette prise de parole, Kamerhe ne plaide pas seulement pour une mesure administrative. Il appelle à une politique de présence active de l’État. Payer les agents, c’est affirmer la souveraineté ; c’est maintenir un lien vital entre la République et ses citoyens, même sous occupation.

Plus qu’un plaidoyer budgétaire, sa déclaration est un appel à la responsabilité régalienne, face à une guerre où l’arme la plus décisive pourrait bien être la fidélité de ceux qui servent l’État, malgré tout.

Eugène Vomba

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