
RDC : Jean-Pierre Bemba accuse la CENCO de manœuvres pour renverser Tshisekedi
Invité de l’émission Face à Face sur Top Congo FM, le ministre de Transport Jean-Pierre Bemba, a accusé frontalement la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) de dissimuler, sous couvert de dialogue pour la paix, un projet de déstabilisation du président Félix Tshisekedi.
« Le dialogue pour la paix initié par ECC-CENCO ne vise qu’à renverser le président de la République », a-t-il affirmé sans détour.
Pour Bemba, cette initiative, présentée comme une démarche de concertation nationale, cacherait des intentions politiques, portées par des figures religieuses proches de l’opposition.
Le ministre pointe un facteur déclencheur : la gratuité de l’enseignement primaire, mesure phare du président Tshisekedi, aurait perturbé les intérêts économiques de certaines élites ecclésiastiques.
« Les politiques en robe veulent se venger parce que le président Tshisekedi, en instituant la gratuité de l’enseignement, leur fait perdre beaucoup d’argent », a-t-il soutenu.
Selon lui, cette réforme aurait réduit l’influence financière des Églises, historiquement impliquées dans la gestion des écoles conventionnées, et généré une opposition voilée sous des discours de paix.
Bemba désigne nommément le cardinal Fridolin Ambongo, qu’il accuse de « manœuvrer pour évincer Tshisekedi avant 2028 ». Il va plus loin, affirmant que « les évêques sont pris en charge financièrement par Moïse Katumbi et Joseph Kabila », qu’il identifie comme les véritables instigateurs d’un complot politique en milieu religieux.
Ces accusations ravivent une vieille question : l’Église peut-elle encore jouer le rôle de médiateur neutre en RDC ? La CENCO, acteur décisif des accords de la Saint-Sylvestre en 2016, a souvent été considérée comme une force morale respectée. Bemba l’accuse aujourd’hui d’avoir glissé dans l’arène politique.
Alors que la RDC approche de la fin du second mandat de Tshisekedi, ces tensions viennent fragiliser un espace politique déjà clivé. Le silence des personnalités religieuses citées entretient les soupçons. Sans clarification, ces accusations pourraient miner la crédibilité des institutions religieuses et compromettre la viabilité du dialogue proposé.
Par ses propos, Jean-Pierre Bemba relance un débat essentiel sur la place de la foi dans la sphère politique congolaise. L’Église, longtemps perçue comme la voix morale de la nation, risque de perdre cette légitimité si elle s’aligne sur des stratégies partisanes.
Eugène Vomba