RDC: Après MPOX, le Nord-Kivu en alerte face à une possible résurgence d’"anthrax" - Tazama RDC
RDC: Après MPOX, le Nord-Kivu en alerte face à une possible résurgence d’ »anthrax »

RDC: Après MPOX, le Nord-Kivu en alerte face à une possible résurgence d’ »anthrax »

Dans un contexte de veille sanitaire déjà tendue en raison de la persistance de l’épidémie de la MPOX, la province du Nord-Kivu fait face à une nouvelle menace biologique. Le Gouverneur de province, le Général-Major Evariste Somo Kakule, a lancé lundi 14 avril dernier, un message d’alerte concernant l’apparition de cas présentant des similitudes cliniques avec la maladie du charbon, communément appelée anthrax.

Dans cette communication officielle adressée à la population, l’autorité provinciale prévient : « Je vous alerte sur le risque d’apparition d’une maladie dite Anthrax aussi appelée fièvre charbonneuse, dans notre Province du Nord-Kivu». Cette mise en garde s’inscrit dans une dynamique de prévention et de sensibilisation communautaire, visant à éviter une flambée épidémique supplémentaire.

L’anthrax est une maladie infectieuse grave d’origine bactérienne, provoquée par Bacillus anthracis, un agent pathogène capable de survivre dans le sol sous forme de spores pendant de longues périodes. Cette zoonose affecte principalement les animaux herbivores, mais elle est aussi transmissible à l’homme avec des conséquences potentiellement mortelles.

Le message du Gouverneur énumère avec précision les trois voies principales de transmission humaine :

  1. La voie cutanée, par manipulation directe d’animaux malades ou de produits contaminés,
  2. La voie digestive, par ingestion de viande ou produits d’origine animale infectés,
  3. La voie respiratoire, par inhalation de spores en suspension dans l’air.

Chacune de ces voies donne lieu à des formes cliniques spécifiques. Par voie cutanée, la maladie se manifeste par « des papules et des vésicules ». Par voie respiratoire, les symptômes incluent « la fièvre, le mal de gorge, les douleurs généralisées, la fatigue, la toux et les difficultés respiratoires ». En cas d’ingestion, l’on observe « des douleurs abdominales et une diarrhée sanguinolente ».

Appelant à une vigilance accrue, le Gouverneur exhorte la population à adopter des mesures d’hygiène rigoureuses. Il insiste notamment sur la nécessité de ne jamais manipuler ni consommer la viande d’animaux malades ou morts sans vérification sanitaire préalable. Il recommande en outre « le lavage régulier des mains au savon, la décontamination et la désinfection des locaux, des surfaces et des matériels souillés ».

Ce message de prévention vise à responsabiliser les citoyens à tous les niveaux : « J’invite donc tout un chacun au respect de ces mesures afin de se prévenir contre cette maladie dangereuse », affirme le Gouverneur.

En cas d’apparition de symptômes évocateurs dans les familles ou le voisinage, l’autorité provinciale recommande de consulter sans délai les structures sanitaires les plus proches : « En cas de manifestation de l’un de ces signes chez un membre de famille, un proche ou un voisin, consulter immédiatement l’établissement des soins de santé le plus proche».

Aucun cas officiellement confirmé d’anthrax n’a été signalé à ce jour dans la province. Toutefois, l’émission de ce message d’alerte traduit une posture de vigilance proactive des autorités face à une menace infectieuse potentielle, connue pour sa rapidité de progression et sa létalité lorsqu’elle n’est pas prise en charge à temps.

Cette mobilisation s’inscrit dans une stratégie globale de sécurité sanitaire, articulée autour de la sensibilisation, de la surveillance épidémiologique et de la réponse rapide. Dans un environnement fragile marqué par les vulnérabilités structurelles du système de santé, le renforcement de la collaboration entre pouvoirs publics, communautés locales et acteurs humanitaires reste un impératif pour anticiper toute éventuelle flambée.

En l’attente d’éventuelles confirmations biologiques, la population du Nord-Kivu est donc invitée à la prudence, à l’observation stricte des mesures d’hygiène, et à la coopération totale avec les services sanitaires. L’enjeu : éviter que le spectre de l’anthrax ne vienne s’ajouter au lourd fardeau sanitaire de la province.

Eugène Vomba

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *