
Vital Kamerhe à Brazzaville : «Neuf voisins, zéro condamnation du Rwanda», un cri d’indignation face au silence régional
Le président de l’Assemblée Nationale de la République démocratique du Congo (RDC), Vital Kamerhe, a exprimé sa profonde déception face au silence des pays limitrophes de la RDC concernant l’agression dont son pays est victime dans sa partie orientale. C’était ce lundi, à Brazzaville, lors de la conférence des présidents d’Assemblées et de sections de la Région Afrique de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF).
Dans son allocution, le président de la chambre basse du Parlement congolais a rappelé que la RDC partage ses frontières avec neuf pays, sans qu’aucun d’eux n’ait publiquement condamné le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir activement les rebelles du M23, réunis aujourd’hui sous la bannière du M23-AFC, qui occupent plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu.
« Nous avons neuf voisins, mais aucun de nos voisins n’a condamné le Rwanda ! », a déploré Vital Kamerhe devant les représentants parlementaires francophones, parmi lesquels figurait une délégation rwandaise.
Le président de l’Assemblée nationale a pris soin de contextualiser ses propos : « Si nous apprenions que le Congo-Brazzaville était agressé, nous dirions non. Si nous apprenons que Luanda est attaqué, nous allons dire non ! » a-t-il déclaré, illustrant ce qu’il considère comme une solidarité régionale à géométrie variable.
L’intervention de Vital Kamerhe intervient dans un contexte de forte tension entre Kinshasa et Kigali. Depuis 2022, la RDC accuse le Rwanda d’appuyer militairement et logistiquement les rebelles du M23, responsables de violences et de déplacements massifs de populations dans l’Est congolais. Des accusations appuyées par plusieurs rapports d’experts des Nations unies, bien que Kigali continue de les rejeter.
Selon Vital Kamerhe, cette situation a déjà coûté la vie à « plus de dix millions de Congolais » depuis les années de guerre dans les Grands Lacs, un chiffre régulièrement avancé par les autorités congolaises pour souligner l’ampleur de la tragédie humanitaire dans l’Est.
Le président de l’Assemblée nationale a salué l’implication de certains pays européens, américains et asiatiques, ainsi que des États d’Afrique australe, qui, selon lui, manifestent davantage d’intérêt et de solidarité que ceux d’Afrique centrale. Il a regretté ce qu’il qualifie d’« hypocrisie » de la part des pays directement concernés par cette instabilité régionale.
Cet appel lancé depuis Brazzaville s’inscrit dans une volonté de mobilisation parlementaire en faveur de la paix et de la sécurité dans la région. Reste à voir s’il trouvera un écho auprès des États voisins, alors que les efforts diplomatiques pour résoudre la crise restent à ce jour sans issue durable.
Eugène Vomba