
Guerre du M23 : La suspension de l’aide internationale au Rwanda, un levier de pression pour retirer ses troupes en RDC ?
L’appui de l’Union Européenne au Rwanda renforce le pillage des ressources minières dans la province du Nord-Kivu, située dans l’Est de la République Démocratique du Congo. C’est ce qu’a dénoncé l’activiste pro-démocratie Muhindo Stewart ce lundi 18 novembre 2024 sur Tazamardc.net.
« Je dénonce le soutien que continue d’apporter l’Union Européenne à l’armée rwandaise. Encore hier, l’Union Européenne a validé un financement de 20 millions de dollars à l’armée rwandaise, sous prétexte qu’elle combat le terrorisme au Mozambique, alors que nous savons que cette même armée est impliquée dans le pillage et l’instabilisation du Congo. Il n’est pas normal que la communauté internationale tienne un discours moralisateur, mais soit complaisante envers un pays qui détruit et pille le Congo », a-t-il déclaré.
Ce militant du mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) estime que la meilleure façon pour la communauté internationale de contraindre le Rwanda à retirer ses troupes en RDC est de suspendre son aide internationale, sachant que plus de 30 % du budget rwandais provient essentiellement de l’extérieur.
« C’est une complaisance coupable, car l’Union Européenne ne s’assure pas que les fonds qu’elle fournit ne soient pas utilisés à l’Est de la RDC pour tuer, piller et déstabiliser le pays. Il est crucial que la communauté internationale soit ferme à l’égard du Rwanda, notamment en exigeant le retrait de ses troupes à l’Est du Congo, et en gelant tout financement et coopération avec ce pays. Le Rwanda dépend essentiellement de l’aide internationale, et si cette aide est suspendue, cela contraindra le Rwanda à retirer ses troupes à l’Est du Congo. La communauté internationale a déjà agi de la sorte avec la Russie, il est donc possible de le faire avec le Rwanda. Il n’est pas normal que lorsque la situation concerne l’Ukraine, la communauté internationale se montre ferme, mais qu’elle soit passive quand il s’agit de la RDC », regrette Stewart Muhindo.
Selon lui, « cela ne sera pas seulement une sanction, mais une mesure efficace, car le Rwanda dépend de l’aide internationale. Plus de 30 % de son budget provient de l’extérieur. Si l’on suspend cette aide, le Rwanda sera obligé de faire des concessions, et c’est ce qu’il faut faire. L’un des moyens de pression est donc le retrait de cette aide internationale. »
Stewart Muhindo estime que continuer à soutenir le Rwanda par le biais de l’aide internationale n’est rien d’autre qu’une incitation à poursuivre ses actions bellicistes sur le territoire congolais, en tuant et en pillant des ressources essentielles.
« On encourage ainsi un précédent dangereux. Le message envoyé au monde est qu’il est possible d’envahir un autre pays sans en être tenu responsable. Tous les communiqués de l’Union Européenne demandent le retrait des troupes au Congo, mais en même temps, on continue à financer un pays qui ne respecte pas cette demande, ce qui n’a pas de sens », s’est-il exprimé.
Cette réflexion apparaît comme un appel à la communauté internationale pour qu’elle prenne conscience de sa responsabilité dans la crise et agisse rapidement, tout en interpellant également les autorités congolaises, qui se concentrent sur une campagne populaire de changement ou de modification de la constitution, en oubliant l’essentiel.
Azarias Mokonzi