
Kinshasa : 3 millions de dollars décaissés pour des routes fantômes ?
Un rapport récemment publié par le Centre de Recherches en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) jette un éclairage accablant sur la gestion des fonds publics en matière d’infrastructures à Kinshasa.
En effet, entre 2021 et 2023, le gouvernement congolais aurait alloué 3 millions de dollars à la construction de deux routes qui, selon les habitants locaux, n’existent même pas.
Les routes invisibles :
Les deux infrastructures en question, les rues Tshilombo et Lunionzo, situées dans la commune de Matete, auraient respectivement coûté 1,7 million et 1,3 million de dollars. Pourtant, les témoignages des résidents sont sans appel : Tshilombo n’est guère plus qu’un simple arrêt de bus, tandis que Lunionzo n’est que le nom d’un hôpital. Ces révélations soulèvent des questions cruciales sur la transparence et l’intégrité des processus de financement public.
Des projets mal identifiés :
Dans le cadre de son enquête, le CREFDL a minutieusement analysé plus de 1 000 documents liés aux initiatives « Kinshasa Zéro trou » et « Tshilejelu ». Entre 2021 et 2023, un montant total de 171 millions de dollars a été engagé pour moderniser le réseau routier de la capitale congolaise. Cependant, étonnamment, 70,5 millions de dollars, soit 40,9 % du budget alloué, ont déjà été versés aux prestataires sans que ces financements aient été correctement retracés dans les lois de finances des trois dernières années.
Le rapport met également en avant des anomalies, telles que la double attribution de contrats à différents fournisseurs pour un même projet. Le CREFDL exhorte le parlement à mener une enquête approfondie sur cette gestion des fonds, tout en appelant à une interpellation du ministre des Infrastructures et Travaux Publics afin qu’il rende des comptes sur l’utilisation des 70,5 millions de dollars.
Cette situation intervient alors que la République Démocratique du Congo affiche l’un des plus faibles taux d’accès aux infrastructures de base. Actuellement, le réseau routier congolais, qui s’étend sur environ 153 000 km, ne voit que 3 % de ses routes en bon état, un chiffre désespérément bas comparé à la moyenne de 25 % pour l’Afrique subsaharienne. Cette défaillance en matière d’infrastructures a des répercussions directes sur le développement économique et social du pays, affectant le transport des biens et des personnes, l’accès aux services de base et le développement des activités agricoles.
La rédaction