Ituri : exploitation illicite des minerais et vente de cacao : un nuage plus sombre entre l'armée et les Wazalendo aux intérêts obscurs ? - Tazama RDC
Ituri : exploitation illicite des minerais et vente de cacao : un nuage plus sombre entre l’armée et les Wazalendo aux intérêts obscurs ?

Ituri : exploitation illicite des minerais et vente de cacao : un nuage plus sombre entre l’armée et les Wazalendo aux intérêts obscurs ?

Un levier de discordance se manifeste à travers un choc d’accusations mutuelles qui oppose les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) aux résistants Wazalendo, dans une opposition latente sur le territoire de Mambasa, en Ituri.

Tout commence avec l’interception par les éléments du 3203e Régiment FARDC, mercredi 6 novembre 2024, d’une dizaine de combattants du groupe armé affilié au général autoproclamé Kambale Mayani, entre Biakato et Kasoko. Ces derniers ont été interceptés avec six (6) armes de type AK-47 et plusieurs munitions.

Selon une note du colonel Mak Hazukay, porte-parole du secteur opérationnel Sokola 1 Grand-Nord, ces miliciens (Wazalendo) avaient été envoyés par leur hiérarchie pour exploiter illicitement des minerais et sécuriser les concessions des ressortissants du Nord-Kivu sur le territoire de Mambasa.

« Les militaires du 3203e Régiment FARDC ont intercepté, le mercredi 6 novembre 2024, douze (12) combattants du groupe armé appartenant à M. Kambale Mayani, avec six (6) AK-47 et plusieurs munitions de guerre entre Biakato et Kasoko. Ils avaient été envoyés par leur hiérarchie pour exploiter illicitement des minerais et sécuriser les concessions des ressortissants du Nord-Kivu sur le territoire de Mambasa en Ituri », lit-on dans cette note d’information.

Une bataille d’accusations

L’Union de Patriotes pour la Libération du Congo (UPLC), accusée par l’armée d’exploitation illicite des minerais, dénonce de son côté les attaques ciblées de leurs positions par les FARDC. Elle affirme ne pas comprendre la méthodologie actuelle de l’armée, censée travailler avec elle dans cette lutte acharnée contre les ADF dans cette région.

« Nous dénonçons pour la énième fois le comportement de l’armée loyaliste, FARDC, à travers le commandement des opérations Sokola I, secteur Grand Nord. Nous ne comprenons plus rien à la méthodologie actuelle de notre armée. Nos positions sont actuellement attaquées par cette dernière, et nous faisons face à un désarmement forcé de nos éléments ainsi qu’à des arrestations intempestives. Cette manière de faire non seulement nous décourage, mais aussi néglige les décisions du chef de l’État. Nous sollicitons la médiation des autorités compétentes entre le Wazalendo Front Grand-Nord et l’armée loyaliste, FARDC, surtout le commandement des opérations Sokola I, secteur Grand Nord, avant que le pire n’arrive », déclare ce mouvement dans une dépêche consultée par Tazamardc.net.

Les résistants Wazalendo accusent également certains éléments des FARDC d’être impliqués dans l’exploitation du cacao à Mambasa. Ils affirment détenir des preuves, rétorquent-ils. Selon ce mouvement, l’accusation de l’armée n’est qu’un bouc émissaire.

« Il convient de noter que plusieurs enquêtes ont prouvé l’implication des éléments des FARDC dans la cueillette du cacao dans les champs de populations locales. Les Wazalendo, en tant que collaborateurs de l’armée loyaliste, ont cherché de manière permanente à convaincre les militaires de cesser cette mauvaise pratique : le vol du cacao, mais en vain. Voilà pourquoi, aujourd’hui, nous sommes devenus « des boucs émissaires » et assimilés aux exploitants illicites de minerais. Nous vous informons que notre rôle noble consiste à sécuriser les personnes et leurs biens. Nous sommes donc disponibles à tout moment pour réfléchir avec les représentants de l’armée loyaliste, FARDC, sur cette question afin d’éclairer l’opinion et de mettre un terme à toute confusion que le chargé de communication et de sensibilisation des opérations Sokola I, secteur Grand Nord, est en train de véhiculer dans les médias et sur les réseaux sociaux. Nous avons suffisamment de preuves. L’armée loyaliste, FARDC, vole le cacao de la population. Nous appelons le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu à s’impliquer davantage. Cette question doit être bien traitée. Que notre cri parvienne à tous ceux qui se soucient de la
Communication et sensibilisation des opérations Sokola I, secteur Grand Nord : des accusations véhiculées dans les médias et sur les réseaux sociaux.

« Nous avons des preuves suffisantes. L’armée loyaliste, les FARDC, vole le cacao de la population. Nous appelons le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu à s’impliquer davantage. Cette question doit être traitée sérieusement. Que notre cri parvienne à tous ceux qui se soucient de la sécurité de l’Est. Nous en avons marre », a déclaré l’Union de Patriotes pour la Libération du Congo (UPLC) dans sa note d’information.

Des accusations réciproques ?

Ces accusations risquent de créer des tensions entre les deux forces qui se connaissent bien, si Kinshasa ne s’implique pas. En effet, cette division pourrait affaiblir le tissu social consolidé entre l’armée et les Wazalendo dans la lutte contre les ADF.

Cependant, au cœur de ces accusations se trouvent certaines vérités longtemps dénoncées par la population des deux côtés. L’implication des milices locales à Mambasa dans l’exploitation illicite de l’or est souvent dénoncée par les acteurs de la société civile. Certains carrés miniers seraient sous le contrôle des miliciens, dont l’identité reste encore inconnue. Ils sont accusés de divers abus. L’UPLC, mise en cause, a rejeté ces accusations, les qualifiant de « mensongères », et dénonçant une manipulation obscure visant à nuire à l’image de ce mouvement, pourtant actif à Mangurijipa, une entité minière où ces accusations n’ont jamais été portées, selon certaines sources.

Concernant l’armée, certains éléments des FARDC ont également été accusés d’exploiter le cacao dans la région. Des décisions sévères contre les récalcitrants ont déjà été prises, mais des zones d’ombre persistent. Ces militaires se dissimuleraient parmi la population pour s’adonner à la culture du cacao, une activité incompatible avec leur rôle militaire.

Azarias Mokonzi

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