Non exclusion de la guerre avec le Rwanda, le patriotisme des Wazalendo, Goma comme ligne rouge à ne pas toucher – Regard actuel de Félix Tshisekedi sur la guerre du M23

Le président de la République Démocratique du Congo a donné un entretien à nos confrères de RFI-France 24 publié dans la nuit de ce jeudi 17 novembre 2023. Candidat à sa propre succession pour un second mandat aux élections présidentielles du 20 décembre prochain, Tshisekedi a évoqué plusieurs questions dont la situation sécuritaire à l’Est de la RDC particulièrement des affrontements entre les Wazalendo et la rébellion pro-rwandaise du M23, l’appui du Rwanda et n’exclut pas toutes les possibilités.

Guerre ouverte avec le Rwanda : Tshisekedi ne l’exclu pas

« Moi je n’exclu aucun scénario, nous sommes des victimes. On n’a pas à regarder dans cette direction, il faut plutôt regarder du côté de ceux qui sont coupables de cette agression » lance le commandant suprême des forces armées de la RDC. Le régime Tshisekedi a pendant plusieurs mois usé de plusieurs moyens pour dénoncer l’agression du Rwanda. Des rapports ont été publiés et plusieurs membres du gouvernement profitent de chaque tribune dans les salons diplomatiques et politiques pour obtenir les sanctions contre le Rwanda.

Si quelques résultats sont palpables dont l’appel à la désescalade envoyé au Rwanda, sur le plan politique et diplomatique, il n’y a presque pas des sanctions contre Kigali, ce qui visiblement exacerbe Kinshasa.

« Après avoir appelé à plusieurs reprises la communauté internationale à intervenir par des sanctions contre le Rwanda, si cela tarde à venir, nous allons nous protéger nous-mêmes. Nous allons utiliser nos propres moyens pour protéger notre population … comment pouvons-nous faire autrement que par les armes ? »

Pour le président congolais, le M23 n’est qu’une coquille vide dont les rangs sont gonflés par les forces armées rwandaise (RDF) pour combattre la RDC.

« Les Wazalendo sont des patriotes,… ce n’est pas un crime »

Plusieurs voix au sein des diplomates, dénoncent les affrontements entre les Wazalendo et les M23 sur plusieurs axes tant dans le territoire de Nyiragongo que ceux de Masisi et Rutshuru.
Selon le Président de la RDC, ce ne sont que des patriotes qui tentent de défendre leur pays: « Les Wazalendo, ce sont des patriotes, des civils au départ. Des gens qui ont décidé de défendre corps et âmes les intérêts de leurs communautés, parce qu’avant ils n’avaient pas confiance en l’armée. C’est héroïque » dit Félix Tshisekedi.

« Là où les FARDC peuvent les soutenir s’ils sont dans leur giron, l’ordre est donné de les soutenir. Je ne m’en cache pas parce que, ce n’est pas un crime qu’ils commettent. Ils protègent leur patrie avec raison et courage » indique le chef de l’Etat.

Goma : dernière ligne rouge à ne pas franchir

« Ils ne prendront pas Goma, retenez le, ils ne prendront pas Goma » dit le président. Dans une réunion avec plusieurs diplômates à Kinshasa, son ministre des affaires étrangères Christophe Lutundula avait dit à son nom et juré que « si une seule bale tombe sur Goma, même par erreur, nous allons y répondre de la manière la plus farouche. » Tout est clair dans le langage de Kinshasa. Il est hors de question que Goma tombe dans les mains du M23 et alliés. Les derniers affrontements entre les FARDC et les M23 aux alentours de Kibumba montrent plutôt la volonté du M23 à pousser Kinshasa à négocier, car jusqu’ici les demandes de la rébellion à des négociations sont restées lettres mortes auprès du gouvernement congolais.

C’est donc un cap et une rouge entre les deux parties, et aucun analyste peut prédire ce qui va se passer dans les semaines ou les mois à venir.

Akilimali Saleh Chomachoma