RDC : Le M23 empoche des millions des dollars, la population paye les frais - Tazama RDC
RDC : Le M23 empoche des millions des dollars, la population paye les frais

RDC : Le M23 empoche des millions des dollars, la population paye les frais

Les rebelles du M23, que Kinshasa considère comme envahisseurs, se font la santé financière dans les localités qu’ils contrôlent dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo de façon inattendue.

Cette guerre, qu’ils mènent, a des conséquences énormes sur la vie des populations civiles, profite bien à leur structure et ses commanditaires. Ils pillent, collectent des taxes et font traverser illégalement des marchandises sur la frontière Congolaise.

À la fin de la première quinzaine du mois de juin 2022, les rebelles du M23 investissent la cité frontalière de Bunagana. Jadis, elle figurait à la troisième position sur le plan en ce qui concerne la mobilisation des recettes dans la province du Nord-Kivu, après Goma ville et la cité frontalière de Kasindi. Après leur entrée dans cette cité, toutes les activités ont été suspendues.
Quelques mois après, soit le 28 Octobre 2022, les rebelles foncent jusqu’à prendre les agglomérations de Rutshuru centre et kiwanja, coupent ainsi la route nationale N⁰2 de Goma- Kiwanja- Butembo et la route Provinciale de Ishasha, poste frontalier entre l’Ouganda et République Démocratique du Congo. Cette route qui connait beaucoup de mouvements des véhicules, qui approvisionnaient les villes de Goma et Bukavu, leurs environs et même la ville province de Kinshasa en produits vivriers et marchandises en provenance de Butembo, va à son tour coupée par les rebelles. Le gouverneur militaire va par la suite fermer le tronçon Goma_ Rutshuru, sur ordre de sa hiérarchie. Une stratégie qui met en difficulté le M23 tant sur le plan économique que militaire.
8 mois après, la rébellion du M23 a réorganise cette machine de production des dollars. Elle y instaure des taxes sur le transport des biens et marchandises.

La route Goma-Rutshuru, une industrie de production des dollars

Lorsque les rebelles se sont emparés de toutes les agglomérations importantes du territoire de Rutshuru, la population qui espère en une intervention rapide des FARDC, va préférer garder son souffle et attendre le départ des rebelles pour reprendre ce trafic. Plus les jours avancent et la famine devient plus menaçante. Les propriétaires des engins roulants décident alors d’emprunter la route du Rwanda pour atteindre Bunagana, ils passent par l’Ouganda, pour certains, les autres vont traverser la frontière de l’Ouganda pour passer par Ishaha, pendant que pour atteindre Kiwanja et même Butembo, les autres transporteurs décident de prendre la route Sake-Kitshanga pour contourner par Bambo jusqu’à Mabenga.

Ces transporteurs acheminent par jour des marchandises, essentiellement des produits vivriers et autres, en Ouganda et à Goma et dans la partie Nord de la province du Nord-Kivu, ainsi qu’à Kisangani. Pour la ville de Goma, les camionneurs font arriver les produits au niveau de la mosquée de Kibumba où les commerçants venus du chef-lieu de la province allaient les récupérer par motos, tricycles et des véhicules dit localement de kibabi( fula-fula). Une façon de contourner la mesure du gouvernement provincial, celle d’interdire tout mouvement des engins sur cette route occupée par le M23 et par contrainte de la famine.

Les rebelles profitent alors de cette situation pour mettre en place des taxes de 4,2$ par sac de maïs et haricots.
12000Fc équivalent à 5$ au taux de 2380Fc le dollar pour un bidon d’huile et un sac de riz et un montant forfaitaire pour d’autre divers comme savon omo, sel, produits cosmétiques et alimentaires des commerçants qui exercent leurs activités dans les zones sous leur contrôle qui fréquentent Goma à moto pour se ravitailler en marchandises.

Voulant savoir comment cette rebellion brasse des millions des dollars, nos enquêtes ont abouti aux résultats selon lesquels chaque Lundi et Jeudi, 20 à 30 camions (Fuso) déchargent des produits vivriers à Kibumba et d’autres jours de la semaine à moyenne 6 véhicules font le trafic sur cette route.
En termes d’argent, les rebelles du M23, qui ont une barrière à Kinyandonyi, qui couvre le tronçon Kiwanja- Ishasha, bariere de Kitoboko sur le tronçon Grand Nord-Kiwanja-Goma, Barrière de Kalebgera qui ouvre sur Kiwanja-Kibumba et une autre barrière à Chengerero sur le tronçon Burayi-Bunagana récoltent entre 21000 et 25 200$ rien que pour les produits vivriers la semaine, mis à part les frais que payent les commerçants qui se ravitaillent en ville de Goma et d’autres colis qui passent sur motos et tricycles taxé forfaitairement.
On peut pour ce faire déduire que les rebelles du M23 encaissent en moyenne 47 000$, rien que pour la taxe routière hebdomadaire et que par mois, cette rébellion totalise aisément au minimum 188.000$.
Outre cette taxe routière, les rebelles M23 qui gèrent le poste frontalier de Bunagana réaliseraient entre 20 000 et 30 000$ la semaine, ce qui produit entre 80 000 et 120 000$ le mois seulement pour ce poste.
Le mouvement des biens et des personnes se poursuivent toujours à la douane de Bunagana, si bien même que la fréquence du mouvement des biens a diminué.
Par la sommation des ces chiffres, chaque mois, les rebelles du M23 encaisseraient au minimum 268 000 et 308 000 dollars américains en terme des taxes routières et les entrées au poste frontalier de Bunagana.
A cela s’ajoutent les taxes qu’ils font payer aux boutiques et d’autres activités commerciales et génératrices des revenus; qui ne sont tout de même pas énormes selon nos enquêtes.

Le pillage, une ressource vitale pour le M23

Dans la chefferie de Bwito, les rebelles du M23 se sont concentré sur les groupements de Bambo, Tongo et Bambo. Les rebelles du M23 ont fait focus sur kishishe domaine, Mozambique, kazaroho, kalenga, karuli, kakitsimba, Tanzanie entités riveraines et dans le parc national de Virunga, où la population menait des activités champêtres. Ces rebelles du M23, qui avaient récupéré ces zone dans une bonne période de moisson, vont ainsi profiter pour récolter des vivres des populations notamment des maïs et haricots, affirment les habitants de la région.
Des milliers des tonnes seront récoltées pendant environ 90 jours par les rebelles et les populations qui étaient pris par force pour des travaux. Ces produits vivriers récoltés étaient acheminés jusqu’à Bunagana, une partie partait à Chanzu pour servir de rations militaires et d’autres se vendaient en Ouganda, au Rwanda jusqu’à Goma, avons-nous appris.
Un sac de maïs se vendait à 40$ à Bunagana, il coûtait 60$ à Gisenyi au Rwanda et lorsqu’il arrivait à Goma, il se négociait à 70$.

Les rebelles du M23 ont été accusés d’avoir pillé près de 5000 vaches dans les fermes de Monsieur Rujugiro Tribert, et des autres éleveurs dans le territoire de Masisi. Certaines de ces vaches étaient immédiatement vendues, d’autres sont jusqu’à ce jour gardées dans les groupements de Bweza, Jomba et Kisigari en territoire de Rutshuru.

Pour rappel, à la genèse du mouvement du 23 mars, les revendications étaient celles de certains citoyens congolais frustrés, appuyés certainement en coulisses par certains militaires Rwandais et Ougandais, réunis au sein de ce mouvement avec des compromis précis. Les jours passèrent, et les pays voisins (Le Rwanda et l’Ouganda) transformèrent la guerre du M23 en une guerre d’agression et de pillage, utilisant cette rébellion pour mener leurs manœuvres égoïstes d’envahissement, faisant passer la communauté Tutsi de la RDC comme bouclier.

Anicet KIMONYO

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