Guerre dans l'Est: Voici la nouvelle posture du M23 - Tazama RDC
Guerre dans l’Est: Voici la nouvelle posture du M23

Guerre dans l’Est: Voici la nouvelle posture du M23

Depuis quelques mois, les rebelles du M23 se réorganisent dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo en province du Nord-Kivu. Cela, après un semblant de retrait manifesté dans plusieurs localités, où la force régionale de l’EAC a déployé ses unités.

Cette rébellion, que le gouvernement Congolais place sous la responsabilité du Rwanda, a pris des nouvelles stratégies qui la lie à son histoire. Notamment avec des nouvelles alliances pour renforcer sa capacité de nuisance à la sécurité dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Ces alliances ne sont tout de même pas nouvelles, car il s’agit des visages bien connus dans ce groupe et qui s’étaient retirés après des mésententes qui avaient conduit à la dissolution de cette rébellion en 2013.

De la dissolution du M23 en 2013

Aux premiers jours de la rébellion du M23, Bosco Ntanganda était le chef d’état major général. Son compagnon Sultani Makenga, qui était Commandant des opérations à l’époque gradé colonel, voulait paraître à tous les projecteurs et que Ntaganda reste dans l’ombre, vu qu’il était déjà la cible de la cour pénale internationale pour ses crimes commis en Ituri et dans le territoire de Rutshuru lorsqu’il faisait partie du CNDP.
Il arriva un temps où le général Bosco Ntaganda va tenter son coup de nommer Baudouin Ngaruye, en remplacement de Makenga en qui il n’avait plus confiance au commandement des opérations. Dans sa largesse comme le tout puissant de la branche militaire, Ntaganda voulait également opérer des changements dans l’administration politique du mouvement. Une des tentatives qui deviendront la goute qui débordera la vase, pour donner naissance à une autre fraction dans la rébellion du M23. Les alliés de Makenga formeront un camp que les autres (la partie de Ntaganda) vont surnommer « Kimbelembele », pour signifier les gens qui veulent toujours être devant. Et l’aile de Bosco Ntanganda sera surnommée « Bifuafua » pour dire les gens qui se tapent la poitrine.
Un autre aspect qui aurait conduit à la division du M23, c’est le retrait des rebelles de la ville de Goma en 2012. Sultani Makenga et ses hommes avaient pillé les munitions de guerre que les FARDC avaient abandonné dans la ville, pendant que les acolytes de Ntaganda et Jean marie Runiga( premier président de la branche politique du mouvement présenté à l’opinion lors de la prise de Goma, s’étaient concentrés au pillage des biens matériels et de l’argent.
Le guerre froide s’intensifiant à l’ interne. Une fois à Rutshuru centre, une embuscade va être tendue par les hommes de Bosco au Conseiller spécial et Secrétaire Particulier de Makenga, Monsieur SAM, qui n’avait pas survécu au tir d’une lance roquette.

Peu après, le colonel Sultani Makenga avait échappé à une capture organisée par Bosco Ntaganda afin qu’il soit désarmé et démobilisé.
L’ensemble de ces événements conduira à la scission du M23. Makenga et Bertrand Bisimwa allèrent de leur côté, Jean-Marie Ru’iga, Bosco Ntaganda et Bodouin Ngaruye prirent l’autre sens.
Les combats entre ces deux fractions vont éclater à l’interne. Les alliés de Makenga, qui détenaient d’importantes munitions de guerre prendront le dessus sur ceux de Ntaganda, qui se retireront finalement au Rwanda, où leur patron a été capturé par la CPI. Sultani devient ainsi général, prend officiellement le commandement de la branche militaire et réorganise le mouvement du 23 mars.

En 2013, l’armée Congolaise défait le M23, Makenga et sa suite prendront la route de l’Ouganda, où ils seront démobilisés et placés dans un camp. Jean-Marie Runiga et les siens se dirigeront au Rwanda.
Quelques mois après, le gouvernement Ougandais annonce la disparition des militaires du M23 dans leur site de cantonnement. Puis ces derniers ont été retrouvés dans les collines de Mikeno en plein parc national de Virunga, alors que Jean-Marie Runiga restait tranquille au Rwanda avec ses hommes.

La République Démocratique du Congo, avec le président Tshisekedi, adhère à l’East African Community, une communauté qui lui encouragera à parler avec tous les groupes armés. Les rebelles du M23 qui se disaient Congolais vont se retrouver à Kinshasa pour des dialogues secrètement organisés par Kinshasa, qui dureront 14 mois. Ne trouvant pas gain de cause, ces derniers vont retourner cachés dans leur nid comme des oiseaux, avant que la guerre n’éclate avec des communiqués du M23 qui réclame le dialogue direct avec le gouvernement Congolais, ainsi que le respect des engagements. Les militaires Rwandais sont par la suite visibles sur le sol congolais aux côtés des rebelles. Puis une déclaration du président Rwandais, Paul Kagame, sur Jeune Afrique et une série des sorties médiatiques alimentent la tension entre Kinshasa et Kigali, ces qui entraine les différents acteurs dans des escalades verbales et diplomatiques. Après l’intensification des combats dans le territoire de Rutshuru, le gouvernement Congolais appela tous les groupes armés à un dialogue à Nairobi. Le M23 va décréter unilatéralement un cessez-le-feu pour laisser place au dialogue. Malin, et voulant appliquer le tactique de la négociation avec le doigt sur la gâchette, le M23 viole le cessez-le-feu et sera exclu du fait qu’il poursuivait les attaques, le jour même de la rencontre, sur les positions des Fardc.
Les rebelles récupèrent la cité de Bunagana le 13 Juin 2022, puis foncent sur d’autres localités de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi. Des déplacements massifs des populations seront enregistrés, plusieurs camps des déplacés seront également érigés autour de la ville de Goma et le pire commença.

De la réunification du M23

Pendant que la rébellion du M23 fonçait vers la ville de Goma, les chefs d’États de la région de l’Afrique de l’Est à laquelle la RDC avait déjà adhéré, ont décidé du déploiement d’une force régionale qui avait pour mission la traque de tous les groupes armés locaux et étrangers actifs dans l’Est de la RDC. Le travail que cette force exerce en province du Nord-Kivu est déjà mis en cause par le président congolais, celui-ci a d’ailleurs soulevé la cohabitation entre L’EAC-RF et le M23 dans les territoires de Nyiragongo et Rutshuru, où les rebelles étaient déjà sensés se retirer.
Un semblant de retrait a été observé par les rebelles après des pertes énormes qu’ils auraient subi dans les combats de Sake en avril dernier, la rébellion a organisé des recrutements en masse. Nos sources relèvent que plusieurs des recrus proviennent du Rwanda à Nyundo et Mahoko et à ce jour, cette rébellion a effectué un pass Out d’ environ 1652 recrus réparti en trois phase dont la première phase 600, la deuxième près de 500 et la troisième 452 qui sont déployés sur les lignes de fronts.
« Pendant que la rébellion était axée sur les recrutements, les officiels du Rwanda travaillaient aussi sur la conscientisation de Baudouin Ngaruye (chef de l’aile militaire du M23-Runiga resté au Rwanda), afin qu’il ramène ses hommes aux côtés de Makenga« , nous ont révélé nos sources.

L’actuelle configuration du M23

La semaine du 5 au 11 Juin 2023, une grande réunion a été tenue à la paroisse de Busimba, dans la localité Kinyamahura, groupement Jomba, territoire de Rutshuru, à laquelle tous les officiers de Makenga et Baudoin Ngaruye ont pris part, dans le but de finaliser les contacts et les dernières rencontres tenues depuis l’extérieur du pays.
Presque tous les hommes étant déjà sur terrain, cette nouvelle composition du M23 se préparerait désormais à relancer les hostilités contre les positions des FARDC, une façon pour elle de mettre encore plus de pression sur Kinshasa et tenter d’arracher du président Tshisekedi un retour à sa décision restée ferme à, celle de « ne pas dialoguer directement avec le mouvement rebelle ».

La Rédaction

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *