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Conférence de Paris: Félix Tshisekedi plaide pour une paix durable et la fin de l’occupation dans l’Est de la RDC

Conférence de Paris: Félix Tshisekedi plaide pour une paix durable et la fin de l’occupation dans l’Est de la RDC

Lors de la conférence internationale sur la paix et la prospérité dans la région des Grands Lacs, tenue ce jeudi à Paris, le président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a livré un discours fort, empreint de gravité et d’appel à la responsabilité collective. Devant les représentants des grandes puissances mondiales, des institutions régionales et des organisations internationales, il a dénoncé sans détour les causes de la crise humanitaire qui ravage l’Est de son pays.

« La crise humanitaire en République Démocratique du Congo est liée directement à des actions militaires menées par le groupe armé AFC/M23, soutenu sur les plans logistique, financier et opérationnel par le Rwanda, en violation flagrante de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de mon pays. Cette réalité est aujourd’hui documentée et reconnue », a affirmé le chef de l’État congolais, pour poser ainsi les fondations de son intervention.

Cette conférence, organisée à l’initiative de la France, vise à mobiliser la communauté internationale autour de la paix et de la prospérité dans la région des Grands Lacs. Elle intervient dans un contexte marqué par la persistance des combats dans l’Est congolais, le déplacement de millions de civils et l’aggravation de la crise humanitaire. Tshisekedi, très attendu sur ce sujet, a profité de la tribune parisienne pour formuler plusieurs requêtes précises à la communauté internationale.

Dans un ton mesuré mais déterminé, le président congolais a structuré son discours autour de trois demandes principales.

« Ma première demande concerne l’accès humanitaire immédiat, sécurisé, garanti. Nous avons besoin, de toute urgence, de voies humanitaires sûres pour acheminer soins, nourriture, eau, abris et assistance psychologique aux populations prises au piège », a-t-il plaidé, pour évoquer la détresse de milliers de familles déplacées dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.

Selon la présidence, le président Tshisekedi a ensuite insisté sur la nécessité d’un soutien financier international accru et structuré. « Je demande donc un engagement financier additionnel, ciblé, prévisible, qui permette de traiter les besoins vitaux, dont santé d’urgence, sécurité alimentaire, abris pour les déplacés, protection des survivantes de violences sexuelles, accès à l’eau potable. Ce financement ne doit pas être vu comme une aide ponctuelle, mais comme un investissement pour empêcher l’effondrement humanitaire d’une région stratégique pour la paix du continent », a-t-il déclaré.

Mais également, il a lancé un appel à un alignement politique clair et sans ambiguïté de la part des partenaires présents. « Ma troisième demande touche à l’alignement politique. Je souhaite que chaque partenaire présent ici, chaque État, chaque organisation régionale ou internationale, s’engage à soutenir l’application effective de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité et à appeler, clairement et sans ambiguïté, au retrait de l’AFC/M23 des zones qu’il occupe et au retrait des forces étrangères du territoire congolais. Toute paix durable commence par la fin de l’occupation d’une partie du territoire congolais. Là-dessus, il ne peut y avoir ni double langage, ni compromis moral », a-t-il martelé, sous les applaudissements d’une partie de l’auditoire.

Au-delà des chiffres et des résolutions, Tshisekedi a tenu à rappeler la dimension profondément humaine du drame congolais. Sa voix s’est faite plus émotive lorsqu’il a évoqué les visages derrière les statistiques.

« Derrière chaque statistique que nous citons aujourd’hui, il y a un enfant qui dort sous une bâche au lieu d’un toit. Il y a une mère qui a fui sans rien emporter sauf la main de son enfant. Il y a une communauté qui refuse de mourir, parce qu’elle croit encore en l’idée la plus simple, la plus belle et la plus juste, vivre en paix chez soi », a-t-il déclaré avec émotion.

Dans un crescendo moral, il a souligné que « ce que nous demandons, c’est la vérité. Ce que nous demandons, c’est la justice. Ce que nous demandons, c’est la paix. Une paix durable. La République Démocratique du Congo prend ses responsabilités. Nous vous demandons de prendre les vôtres».

Ce plaidoyer congolais n’a pas laissé indifférents les partenaires présents à Paris. Selon plusieurs sources diplomatiques, la France, hôte de la conférence, aurait salué la lucidité et la fermeté du discours de Tshisekedi, sans oublier d’appeler à « un dialogue régional constructif » pour éviter l’escalade.
L’Union européenne a, de son côté, rappelé son engagement humanitaire en faveur des populations déplacées, tandis que les Nations Unies ont promis de renforcer leur appui aux efforts de paix régionaux.

Cependant, certains observateurs notent que les appels à un retrait du M23 et des forces étrangères risquent de se heurter à la complexité du terrain politique et sécuritaire, notamment à la lenteur des mécanismes diplomatiques régionaux.

Notons que cette conférence de Paris a mobilisé 1,5 milliards d’Euros pour la région des Grands Lacs.

La Rédaction

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