
Nord-Kivu: Kinshasa accuse Kigali d’exactions et de repeuplement
Le gouvernement congolais dénonce avec fermeté de nouvelles exactions commises dans l’Est du pays par l’armée rwandaise et le groupe rebelle M23-AFC. Dans un communiqué officiel publié ce 14 mai, le ministère de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières évoque des actes constitutifs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans les zones actuellement occupées.
Entre le 10 et le 13 mai 2025, une série d’opérations violentes aurait ciblé les civils dans plusieurs zones du Nord-Kivu, notamment à Goma, Nyiragongo et Masisi. Le communiqué précise que ces attaques visaient « les populations civiles assimilées à tort aux FDLR, FARDC ou encore WAZALENDO », dans les quartiers de Ndosho, Mugunga, Lac Vert, Katoyi, Majengo, Sake et Kimoka.
Le bilan dressé par Kinshasa est lourd : 107 personnes tuées, plus de 4 000 hommes et jeunes garçons enlevés, des centaines de cas d’exécutions sommaires, de viols, de tortures, de pillages et d’incursions dans des structures sanitaires. Le communiqué indique : « Le bilan fait état de 107 assassinats, plus de 4 000 hommes et jeunes garçons enlevés et embarqués de force dans des camions vers une destination inconnue, de centaines de cas d’exécutions sommaires, de viols, de tortures, de pillages, de restrictions à la liberté de circulation ainsi que d’incursions dans des structures sanitaires ».
Autre fait préoccupant : le gouvernement affirme que des familles rwandaises ont été délibérément installées dans les zones occupées. Il s’agit, selon Kinshasa, d’un plan de repeuplement destiné à modifier la démographie locale. Le communiqué note :
« Installation sur le sol congolais, des familles rwandaises munies des cartes d’identités rwandaises, fait qui vient appuyer les différentes dénonciations formulées par le Gouvernement au sujet des actes d’épuration ethnique et de repeuplement orchestrés par Kigali ».
Par ailleurs, une chasse ciblée aurait été lancée contre des réfugiés congolais. Le texte gouvernemental signale :
« Chasse à l’homme ciblant des personnes sous statut des réfugiés vivant dans les zones sous occupation ».
Ces faits, souligne le ministère, violent de nombreux instruments juridiques internationaux. Le communiqué insiste :
« Les faits cités ci-dessus […] constituent une violation flagrante des instruments juridiques internationaux, notamment la Charte des Nations Unies, l’Acte constitutif de l’Union africaine, la Convention de Genève de 1951 relative à la protection des réfugiés ainsi que la Résolution 2773 du Conseil de Sécurité des Nations Unies ».
Le Vice-Premier ministre Shabani Lukoo Bihango affirme que son ministère poursuit le monitoring de ces exactions : « Le Ministère […] poursuit méticuleusement le monitoring de ces crimes commandités par Kigali et rappelle que ceux-ci appellent à une prise en charge judiciaire appropriée, afin que justice soit rendue en faveur du peuple congolais et de la République Démocratique du Congo ».
Sur le terrain, la situation ne cesse de s’aggraver. Des milliers de familles fuient chaque jour les zones d’affrontements. Les structures d’accueil, débordées, manquent de tout, tandis que les humanitaires dénoncent des entraves à l’accès aux populations.
Le gouvernement congolais presse la communauté internationale de sortir de son silence. Il demande des actions concrètes pour freiner ce qu’il qualifie désormais de « crimes planifiés » sur le territoire congolais.
Eugène Vomba