Doha, nouvelle scène d’un tournant décisif pour la paix dans les Grands Lacs - Tazama RDC
Doha, nouvelle scène d’un tournant décisif pour la paix dans les Grands Lacs

Doha, nouvelle scène d’un tournant décisif pour la paix dans les Grands Lacs

Un moment diplomatique d’envergure s’est dessiné à Doha, où six États , notamment la République Démocratique du Congo, le Rwanda, le Qatar, les États-Unis, la France et le Togo ont signé une déclaration conjointe en faveur d’une issue politique à la crise persistante dans l’Est de la RDC. Cette initiative marque un engagement inédit de coordination internationale qui vise à mettre un terme à plus d’une décennie de violences récurrentes dans la région des Grands Lacs.

« Ce qui est en jeu ici n’est pas seulement la paix d’un pays, mais la stabilité d’un continent tout entier. La situation humanitaire et sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo appelle une réponse immédiate, concertée et durable. Les États signataires expriment leur engagement ferme à œuvrer ensemble, dans un esprit de responsabilité partagée, pour restaurer la paix, protéger les populations civiles et préserver l’unité territoriale de la RDC», peut-on lire dans la déclaration conjointe, dont tazamardc.net a obtenu une copie.

Ce texte s’inscrit dans la continuité du sommet trilatéral du 18 mars dernier, réunissant à Doha le président Félix Tshisekedi, son homologue Paul Kagame et l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani. Les signataires y expriment une volonté affirmée de désescalade immédiate, appelant l’ensemble des acteurs du conflit à cesser les hostilités, à engager un dialogue inclusif et à bâtir un cadre politique crédible.

Le consensus reflète une orientation claire, celle de privilégier la solution institutionnelle à la voie armée.
« Les représentants des six pays ont réaffirmé, d’une seule voix, l’urgence d’une résolution politique et non militaire du conflit dans l’Est de la RDC. Ils ont exhorté toutes les parties armées à s’engager sans condition préalable dans un processus de dialogue conforme aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’Union africaine, en mettant l’accent sur la justice transitionnelle, la réintégration communautaire et le rétablissement de l’autorité de l’État dans les zones affectées», déclare les chefs d’états.

Le Qatar, artisan d’un nouveau multilatéralisme

En hébergeant ce dialogue, le Qatar consolide son statut de médiateur global. Doha a facilité un accord crucial entre Kinshasa et le M23/AFC, portant sur un cessez-le-feu immédiat, destiné à permettre l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones sinistrées et à atténuer les souffrances des populations déplacées.

« Les parties ont salué l’engagement pris par la RDC et le M23/AFC, sous l’égide du Qatar, à observer un cessez-le-feu immédiat, total et vérifiable, en vue de garantir un accès sûr et rapide à l’aide humanitaire. Cette mesure, essentielle pour restaurer la confiance, ouvre la voie à la réinstallation des déplacés internes et à la reconstruction des zones dévastées par les violences», indique la déclaration. Ce rôle place Doha au cœur d’un nouveau multilatéralisme pragmatique, fondé sur la neutralité active et la diplomatie de résultats.

L’Union africaine en chef d’orchestre

L’initiative bénéficie du soutien explicite de l’Union africaine, qui a désigné le président togolais Faure Gnassingbé comme médiateur officiel du processus. En mobilisant les organisations régionales telles que la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la SADC, les acteurs africains entendent dépasser les fragmentations diplomatiques passées.

« Les délégations ont exprimé leur plein soutien aux efforts de médiation conduits par Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, président de la République togolaise, mandaté par l’Union africaine. Elles ont salué l’implication accrue des organisations régionales, notamment l’EAC et la SADC, en vue de la mise en œuvre d’un cadre harmonisé de résolution du conflit, intégrant une feuille de route claire, des mécanismes de vérification et un calendrier rigoureux», note la déclaration.
Cette orchestration africaine vise à renforcer la légitimité continentale et l’appropriation régionale du processus de paix.

Malgré l’élan positif, les signataires ont reconnu l’historique d’accords non suivis d’effet. La déclaration insiste sur la nécessité d’un mécanisme de suivi rigoureux, transparent et multilatéral.

« Conscients des nombreux engagements passés restés lettre morte, les représentants des six États s’engagent à instaurer un mécanisme conjoint de suivi et d’évaluation des résolutions prises à Doha. Celui-ci inclura des représentants des pays signataires, de l’Union africaine, de la MONUSCO et d’autres partenaires internationaux, afin de garantir la conformité, la transparence et la redevabilité. La paix durable exige plus que des engagements : elle requiert une application effective, dans l’intérêt supérieur des peuples de la région», annoncent la déclaration.

Alors que les foyers de tension s’intensifient ailleurs sur le continent, l’accord de Doha ravive un espoir longtemps étouffé dans la région des Grands Lacs. Mais cet espoir ne sera durable que si les intentions diplomatiques s’ancrent dans des actions concrètes, visibles et durables. La communauté internationale est désormais attendue à l’épreuve des faits.

Rédaction

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *