Etat de siège en Ituri: un front de fer déclenché entre le gouverneur et le député Iracan Gracien. Qui sera perdant ?
C’est une bataille sans gant et état d’âme qui s’est déclarée depuis près d’un mois entre gouverneur militaire de l’Ituri, le lieutenant général Johnny Luboya N’kashama et le député national Gracien Iracan, élu de la ville de Bunia.
Cette situation est dûe à la dénonciation du haut de la tribune de l’Assemblée Nationale lors de la récente plénière consacrée à la prorogation de l’état de siège faite par le député national Gracien Iracan au sujet de la gestion chaotique des fonds alloués à l’état de siège. Ce dernier avait accusé le chef de l’exécutif provincial de l’Ituri d’avoir intentionnellement détourné sa mission en se concentrant plus sur des questions de projets de développement en lieu et place à celles de la question sécuritaire.
« Pour le Gouverneur Militaire de l’Ituri, le résultat de l’état de siège se limite à l’asphaltage de près de 10 km de la voirie urbaine. Le peuple, quant à lui, attendait le retour de la paix et la sécurité », avait-il écrit sur sa page X. Cet élu du peuple dénonce aussi ce qu’il qualifie de pillage des ressources minières par l’administration Luboya en Ituri.
« Des militaires avec des militants et propagandistes pour asseoir l’exploitation des minerais et pillages diverses des ressources naturelles. Ils n’ont pas aidé la République à rétablir la sécurité mais plutôt à détruire notre pays », avait-il laissé entendre.
La réaction du lieutenant général n’avait pas tardé. Dans un entretien avec la presse, ce dernier avait rejeté les propos de cet élu en affirmant qu’il n’a pas une mauvaise gestion des finances publiques installée en Ituri. Contrairement aux accusations de l’élu du peuple, le patron de la sécurité et de la défense en Ituri, accuse cependant, le député national Gracien Iracan et certains députés d’entretenir la milice Zaïre, un groupe armé allié du M23-RDF. Il dit en détenir des preuves.
« En tant que commandant des opérations, en tant que gouverneur je l’assume, et je vais le dire devant tout le monde. Il y a des députés qui sont entrain aujourd’hui d’appuyer les groupes armés notamment le Zaïre. Moïse Nyarwanga, Gracien Iracan, je vais répondre de ça, je vais en parler au parlement, car j’ai des preuves », avait-il affirmé.
Une dénonciation de trop?
A la suite de cette accusation, le député national Iracan a porté plainte contre le gouverneur militaire de l’Ituri mardi 15 Octobre 2024. Dans une lettre adressée à l’auditeur général des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), ce dernier accuse le gouverneur d’outrage, diffamation, propagation de faux bruits, imputations dommageables, rébellion et association des malfaiteurs.
« Le Général Luboya Nkashama Johny est un officier extrêmement dangereux pour la République. Il use de sa position de Gouverneur militaire, abusant de la confiance du Président de la République et Commandant suprême de l’armée, pour déstabiliser et opposer les Institutions légalement établies. Ce monsieur cherche à créer des conflits entre l’Assemblée nationale et le Président de la République, entre la population et le Chef de l’Etat mais aussi entre l’Assemblée nationale et le Gouvernement de la République. Il est plus que urgent de l’arrêter et de l’acheminer devant les juridictions compétentes pour le juger et lui permettre de répondre de ses actes. Notre armée, les FARDC, a besoin des officiers compétents qui collaborent bien avec son peuple . J’ai porté plainte contre Luboya, usant de mon Pouvoir Constitutionnel, à la grande satisfaction du peuple iturien qui me fait confiance et me soutient à 98%. Je prends en témoin la Communauté internationale », a écrit sur sa page X l’élu de Bunia.
Gracien s’interroge pourquoi le gouverneur de l’Ituri ne l’avait-il arrêté pourquoi lors de ses vacances parlementaires détenant des informations sur sa collaboration avec les groupes armés. Il dénonce cette dénonciation de trop qui outrage, selon lui, l’Assemblée nationale.
« Il revient sur le mode opératoire des acteurs de la mafia de l’Est consistant à accuser faussement les députés comme collaborateurs des groupes armés. J’étais à Bunia au mois d’août 2024, pourquoi il ne m’a pas arrêté en flagrance! Fallait-il attendre mon adresse devant les Élus du peuple? Le Général Luboya vient de commettre une faute grave en outrageant une fois de plus l’Assemblée nationale à s’attaquant même à son bureau. Luboya contredit le Président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe. Quelle audace, insolence et orgueil devant la haute représentation du peuple? Il nécessite une arrestation immédiate et rappeller à Kinshasa », a-t-il souhaité.
Qui sera le perdant ?
Dans cette guéguerre, d’aucuns pensent que l’élu du peuple risque d’être le plus perdant dans cette bataille. Cela tenant compte de sa position politique, rappelant l’histoire récente des rébellions en Ituri.
« Il est hasardeux d’engager un bras de fer avec un général 3 étoiles de l’armée. Ce qui manque à nos politiciens, c’est aussi la stratégie. Il est sûr que certains hommes politiques financent ou contribuent d’une manière ou d’une autre aux rébellions pour des intérêts privés. Ce n’est pas un secret. Peut-être, Honorable, je vous appellerai à lire l’histoire des rébellions et groupes armés dans Nord-Kivu et l’Ituri. La guerre est devenue un moyen soit de s’enrichir, soit de se faire élire. Très drôle ! », a écrit un internaute en réponse aux accusations portées par Iracan.
La justice est le seul médiateur à mettre termes à cette guéguerre qui risque de plonger la province dans un conflit sans précédent.
Azarias Mokonzi
Si la justice peut rester un vrai arbitre,de cette guéguerre,nous sortiront des bonnes solutions pour différentes situations tant politiques qu’administratives dans cette province.
Je souhaite que la justice soit vraiment neutre!
Merci