Restrictions de circulation à Goma : Une décision malavisée de la CNPR ?
La Commission Nationale de Prévention Routière (CNPR) du Nord-Kivu a récemment publié un communiqué officiel (n°004/CNPR/NK/LBE/DP/2024) qui impose des restrictions de circulation aux camions poids lourds et citernes transportant du carburant. Cette décision, initiée par le Directeur Provincial Lushweku Basilwango Eric, viserait à réduire les embouteillages et les accidents de la route sur certains axes clés de la ville de Goma. Cependant, la mesure suscite de nombreuses critiques et questions pour son manque de pertinence et d’efficacité.
Les nouvelles restrictions interdisent la circulation des poids lourds sur les axes Musée – TMK et Afia Bora – Mutinga, à l’exception des créneaux de 5h30 à 7h30 et de 19h à 21h30. Ces horaires, si on peut être d’accord avec celui du matin, ne sont pas du tout au goût de tout le monde. De 19 h à 20h, c’est une heure de pointe pour plusieurs habitants de la ville touristique. Cette heure là semble mal choisie et risque de déplacer les problèmes de congestion à d’autres moments de la journée. Au lieu de fluidifier le trafic, cette mesure pourrait aggraver la situation, créant davantage de chaos sur les routes surtout aux heures vesperales. Déjà les motos taxis ne fonctionnent plus après 18h. Avec la guerre qui secoue actuellement la province du Nord-Kivu et une crise économique s’en suit, nombreux parmi les habitants de Goma sont ceux qui regagnent leurs domiciles avant 21h. Avec les embouteillages que vont créer ces camions le long de la route entre 19h et 21h, ceux-ci, en grande partie habitants de la partie Ouest et Nord-Kivu de la ville feront face au même problème. « Qui avait dit au gouverneur que c’est sont les camions poids lourds qui créent de l’embouteillage »?, s’interroge un observateur social de Goma.
La directive de cette décision repose sur les agents de la Police de Circulation Routière (PCR) et de la CNPR pour son application. Toutefois, dans un contexte de corruption endémique, l’efficacité de cette mesure est mise en doute. Bien que les récalcitrants soient menacés d’amendes, il est peu probable que ces sanctions soient appliquées équitablement et efficacement. La corruption risque de rendre cette initiative inefficace dès son déploiement.
Il semble regrettable que cette décision ait été prise sans consultation préalable avec les principales parties prenantes, notamment les transporteurs et les entreprises locales, selon ce qui se raconte dans les réseaux sociaux. Ce manque de dialogue et de transparence illustre une gouvernance déconnectée des réalités du terrain. Les transporteurs, déjà confrontés à de nombreux défis, voient leur situation encore compliquée par cette mesure imposée de manière unilatérale.
Plutôt que d’imposer des restrictions de circulation, la CNPR ferait mieux de concentrer ses efforts sur l’amélioration des infrastructures routières et la mise en place de systèmes de gestion du trafic plus avancés. Les routes du Nord-Kivu sont en piteux état, et c’est là que réside une grande partie du problème. Une infrastructure améliorée contribuerait à fluidifier le trafic et à réduire les accidents de manière durable.
La récente directive de la CNPR serait un exemple de mauvaise gestion et de manque de vision stratégique? Sans une révision profonde des priorités et des méthodes de gestion, les problèmes de circulation et de sécurité routière dans le Nord-Kivu continueront de s’aggraver, au détriment des habitants et de l’économie locale. Il est urgent d’adopter une approche plus réfléchie et inclusive, axée sur l’amélioration des infrastructures et une gestion plus efficace du trafic.
La rédaction