
Tueries à Moba : le mea culpa de l’Assemblée nationale, les FARDC et les autorités locales démentent tout massacre
Lors d’une séance plénière tenue le dimanche 15 juin 2025, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a affirmé que 318 personnes avaient été assassinées à Moba, dans la province du Tanganyika, à la suite d’une attaque menée par une milice locale. Une déclaration choc rapidement contredite par les autorités locales, la société civile et l’armée congolaise.
L’administrateur du territoire de Moba, Victor Kamfwa, a démenti l’existence d’un massacre de cette ampleur. Il reconnaît toutefois l’activisme d’un groupe armé local présent dans la région depuis plusieurs années. « Ces chiffres, nous sommes en train de les entendre comme ça, et moi-même je ne sais pas le jour où il y a eu cet affrontement. Mais ce chef milicien est dans cette zone depuis 2017 jusqu’à présent, avec plusieurs cas de kidnapping, de tueries. Certains ont même été arrêtés et condamnés. Je pense que ce chiffre est une somme depuis 2017 », a-t-il déclaré à la presse.
La société civile locale confirme également l’existence de cette milice, mais elle réfute le bilan annoncé. Elle déplore l’abandon du territoire de Moba par le gouvernement central, jugé trop focalisé sur la situation du M23 dans l’Est du pays. Elle appelle à la restauration urgente de l’autorité de l’État dans cette région en crise.
Dans un communiqué diffusé ce lundi, le bureau de l’Assemblée nationale a admis une erreur. Le directeur de cabinet du rapporteur de l’Assemblée Nationale, monsieur Philippe Kanika Sumbayi y reconnaît que le président Kamerhe a été induit en erreur par le caucus des députés du Tanganyika. « Après vérification, ce nombre de victimes communiqué au Président de l’Assemblée nationale par le caucus des députés nationaux originaires de la province meurtrie est erroné », lit-on dans le document.
Les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont également pris la parole pour rétablir les faits. Le général Sylvain Ekenge, porte-parole de l’armée congolaise, a fait une déclaration à ce sujet et dans la foulée, il invite la population à ne pas céder à désinformation et l’intoxication.
« Les forces armées de la République Démocratique du Congo portent à la connaissance de l’opinion nationale et internationale qu’aucun massacre d’une telle ampleur n’a eu lieu dans la nuit du quatorze au juin 2025 dans le territoire de Moba. L’information sur les prétendues 318 personnes, publiée sans vérification préalable, est fausse et dénuée de tout fondement. En effet, faisant le bilan sécuritaire du territoire, la société civile locale a plutôt stigmatisé l’activisme du groupe armé Mutono à la base d’une dizaine des morts depuis 2024, au groupement Maseba, dans la chefferie de Kansabala en territoire de Moba», a-t-il lancé.
Il poursuit que « sous l’impulsion du gouverneur de la province du Tanganyika, l’administrateur de Moba a réussi à gérer la situation avec sagesse et professionnalisme. Les forces armées de la République Démocratique du Congo demandent à l’opinion de ne pas céder à la désinformation, la manipulation et l’intoxication véhiculées par des personnes mal intentionnées dans le but de nuire à leur crédibilité. Elle dénonce également la récupération politique de cette information à des fins propagandistes».
L’affaire souligne la nécessité pour les institutions étatiques de s’assurer de la véracité des informations sensibles avant toute déclaration publique. Elle met aussi en lumière les risques que pose la désinformation, dans un climat déjà marqué par l’insécurité, la méfiance et les tensions politiques.
Azarias Mokonzi