
Guerre du M23 : Les défenseurs des droits humains sonnent l’alarme depuis Kinshasa
Les défenseurs des droits humains venus des provinces meurtries du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, réunis à Kinshasa, brisent le silence face à ce qu’ils qualifient de crise humanitaire et sécuritaire sans précédent dans l’Est de la République démocratique du Congo. Dans une déclaration commune, ils dressent un constat alarmant de la situation sur le terrain.
« La population des provinces susmentionnées vit dans une prison à ciel ouvert, sous le traumatisme, la faim, les tueries, les assassinats ciblés, les enlèvements, les recrutements forcés des jeunes et des mineurs, les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre, la torture, les cambriolages, les pillages systématiques, l’exploitation illicite et la fraude des ressources naturelles, l’instauration d’une administration parallèle… », dénoncent-ils avec gravité.
La crise sécuritaire, selon eux, paralyse toutes les sphères de la vie : « Cela fait environ quatre ans que certains territoires du Nord-Kivu vivent sans paix. À Goma, la paralysie dure depuis trois mois, et à Bukavu, depuis deux mois. Les pertes économiques sont colossales pour notre pays. Et pendant ce temps, certains en tirent profit, notamment le Rwanda»
Les conséquences sont aussi financières : « De nombreuses familles perdent leurs investissements, mis en garantie dans des banques et institutions de microfinance, car elles ne peuvent plus rembourser les crédits. C’est une double peine pour ces citoyens déjà sinistrés »
Dans leur déclaration, les défenseurs s’insurgent contre le non-respect de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée le 21 février 2025. « Cette résolution continue d’être foulée aux pieds par le Rwanda et le M23/AFC, malgré les engagements internationaux. Les initiatives de paix comme les processus de Luanda, Nairobi et Doha, piétinent», disent-ils.
Ils alertent aussi sur la situation des déplacés et des militants en danger : « Des centaines de défenseurs des droits humains ainsi que des milliers de déplacés et réfugiés vivent dans la précarité à cause de la guerre et des menaces multiformes. »
Face à ce sombre tableau, les acteurs de la société civile formulent une série de recommandations. Ils demandent :
- L’application effective de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies ;
2. Le renforcement de la présence et de l’action de la MONUSCO pour protéger les civils, avec une possibilité de redéploiement au Sud-Kivu ;
3. L’ouverture d’un couloir humanitaire pour répondre aux besoins vitaux de la population meurtrie ;
4. L’effectivité de la justice transitionnelle pour faire face aux crimes passés et présents ;
5. La mise en place d’un cadre de coordination par le gouvernement pour accélérer la mise en œuvre de ladite résolution ».
Ils en appellent aussi à des mesures économiques fortes. « Le gouvernement congolais doit faire respecter l’article 3 de l’instruction de la Banque Centrale du Congo du 8 avril 2025, qui concerne les mesures spéciales pour les établissements de crédit, afin de protéger les emprunteurs victimes de la guerre », ont-ils déclaré.
Ils insistent sur la responsabilité des marchés internationaux. Selon eux, «le gouvernement doit instaurer des mécanismes qui incitent les consommateurs finaux de minerais à s’approvisionner dans des chaînes respectant la diligence raisonnable, au lieu de passer par des commissionnaires».
Les signataires concluent avec une détermination intacte : « Nous, acteurs de la société civile du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, demeurons mobilisés pour amplifier nos actions en faveur de la paix et de la sécurité, socles du bien-être des populations en RDC ».
Rédaction