Guerre du M23: Kagame et son régime dans un isolement diplomatique grâce à la finesse congolaise - Tazama RDC
Guerre du M23: Kagame et son régime dans un isolement diplomatique grâce à la finesse congolaise

Guerre du M23: Kagame et son régime dans un isolement diplomatique grâce à la finesse congolaise

Contrairement aux épisodes passés, la guerre menée par les éléments du M23 ne se laisse dérouler sans conséquences contre le Rwanda, parain principal de la rébellion, selon Kinshasa. S’appuyant sur les récentes déclarations teintées de lamentations du président Kagame, Patrick Muyaya, porte-à-porte du gouvernement congolais, a, dans un entretien avec la presse ce vendredi 18 avril 2024, évoqué l’isolement de Kigali dans les salons politiques, grâce au front diplomatique lancé par le président de la République face à l’occupation des territoires congolais.

« Le Rwanda est extrêmement asphyxié et l’attitude du président Kagame en dit long », a-t-il déclaré.

La bouche autorisée du gouvernement révèle que même les États-Unis qui étaient hier le plus grand partenaire du Rwanda ont éclairé leur position par des déclarations claires et des actes sans équivoques contre le régime de Kagame.

« Hier vous avez suivi le propos du conseiller principal de l’administration Trump en Afrique qui a demandé au Rwanda de retirer ses troupes en RDC et qu’il devrait cesser de soutenir le M23. Il ne faut pas oublier que les américains ont sanctionné James Kabarebe qui passe comme le cerveau moteur de toutes les guerres qu’on a eu en RDC, c’est tout ça qui met le présent Rwandais dans un état nerveux permanent au point de demander aux autres d’aller en enfer, tous ceux qui pensent aux sanctions. C’est donc l’un des résultats diplomatiques pour lequel vous avez vu d’ailleurs la ministre des affaires étrangères être devant le Conseil de sécurité pour continuer », poursuit-il.

Muyaya révèle tout de même que sur le plan militaire la RDC a fait un grand progrès. Il souligne que depuis 30 ans c’est pour la première fois que le Rwanda ait perdu avec intensité en hommes sur le terrain, ce qui l’amène à renforcer sa colère contre des innocents civils.

« Nous avons fait beaucoup de progrès que ce soit au plan militaire, diplomatique qu’économique. Si vous avez vu la guerre monté en état d’intensité c’est parce que, les Rwandais jamais ils n’ont au tant perdu dans la crise à l’Est de la RDC depuis 30 ans. Aujourd’hui si vous regardez le coup de la guerre, aujourd’hui le Rwanda est asphyxié », martèle Patrick Muyaya.

Kagame en posture fougueuse

Dans son dernier discours lors de la 31e commémoration du génocide contre les Tutsis, Kagame a été nonchalant à l’égard de ceux qui critiquent la posture régionale du Rwanda. Des propos inhabituels, mais révélateurs d’un contexte géopolitique de plus en plus tendu entre Kigali et les capitales occidentales.

les Rwandais à l’autodétermination totale, dénonçant toute tentative extérieure de dictat ou d’ingérence. « Rwandais, ne devez votre vie à personne d’autre… Ne laissez personne vous dicter la façon dont vous devez vivre votre vie, car dès que vous l’acceptez, c’est le jour où vous avez perdu votre vie », avait-il déclaré, devant un public médusé et un parterre diplomatique réduit.

Un abandon qui recourt à l’autopsie

Poursuivant sur sa lancée, le président n’avait pas hésité à dire : « Si quelqu’un vient me dire que nous allons vous sanctionner, qu’il aille au diable. Vous avez vos propres problèmes à régler. Laissez-moi m’occuper des miens ». Ces propos ont immédiatement fait réagir les analystes, certains les interprétant comme une manifestation de défiance grandissante vis-à-vis d’un ordre international que Kigali juge biaisé. Le Rwanda insiste sur le fait que son avenir ne dépendra ni de la présence ni de l’approbation des autres. Ce choix de ton, sans précédent dans la communication institutionnelle rwandaise, fait écho à l’évolution du régime Kagame, de plus en plus centralisé, autoritaire et fermé à la critique internationale.

Si Paul Kagame est applaudi pour avoir hissé le Rwanda parmi les pays les plus stables et les plus organisés du continent africain, ses méthodes autoritaires, la répression de l’opposition, et les soupçons d’intervention militaire en RDC, ont terni son image à l’international. Pour certains observateurs, le discours du 7 avril 2025 sonne comme un aveu d’isolement croissant, voire les signes avant-coureurs d’un régime qui s’enferme dans la défiance.

Azarias Mokonzi

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