AFC-M23: Face au mutisme, l'arrivée de Kabila instrumentalisée pour légitimer la guerre ? - Tazama RDC
AFC-M23: Face au mutisme, l’arrivée de Kabila instrumentalisée pour légitimer la guerre ?

AFC-M23: Face au mutisme, l’arrivée de Kabila instrumentalisée pour légitimer la guerre ?

La décision de l’ancien président Joseph Kabila de rentrer au pays via Goma, une ville actuellement sous contrôle de la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda selon les Nations unies continue de susciter de vives réactions tant sur le plan national qu’international.

Pour certains observateurs, l’ancien chef de l’État revient dans l’intention de contribuer à la restauration de la paix à travers des consultations inclusives. D’autres, en revanche, redoutent qu’il ne devienne un acteur central du mouvement armé AFC-M23, hypothèse qui pourrait bouleverser profondément l’équilibre politique actuel.

En effet, son retour dans une zone contrôlée par les rebelles pourrait représenter un coup dur pour le régime du président Félix Tshisekedi, surtout si Joseph Kabila devait franchir le Rubicon en prenant officiellement les armes contre un pays qu’il a dirigé durant 18 ans en tant que Président de la République et Commandant suprême des FARDC.

Alors que plusieurs acteurs politiques préfèrent garder le silence face à cette arrivée controversée, d’autres continuent d’hésiter à se positionner. Lors d’un point de presse tenu à Lubumbashi où séjourne le gouvernement, le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, s’est montré prudent dans ses propos :
« Moi je n’ai pas vu, j’ai lu les articles, j’ai seulement attendu… on attend de voir, d’écouter. Il ne faut pas présumer de certaines choses. », a-t-il déclaré rappelant la nécessité de rester fidèle au serment de Laurent-Désiré Kabila : « Ne jamais trahir le Congo. »

De son côté, Théo Binamungu, haut cadre d’Ensemble pour la République, a salué le retour de l’ancien président, soulignant le rôle historique de Goma comme foyer de révolutions, notamment celle de l’AFDL.

« Comme en novembre 1996, il entre à Goma au cœur d’une révolution. Cette fois, les choses pourraient aller plus vite. Peut-être même plus vite qu’en 1996, où l’AFDL mit plus de cinq mois pour atteindre Kinshasa », a-t-il souligné.

Pour d’autres analystes, le M23 et ses sympathisants en mal de légitimité populaire voient dans l’arrivée de Joseph Kabila une opportunité stratégique pour renforcer et populariser leur lutte. Sans parrainage national de poids, l’ancien président pourrait leur offrir un vernis politique et historique à même d’attirer des soutiens massifs.

Des experts indépendants vont plus loin : « Si Joseph Kabila décidait de s’allier ouvertement au M23, le régime Tshisekedi pourrait vaciller. Son passé de stratège militaire, ses réseaux solidement établis tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, et son influence persistante auprès de certains officiers des FARDC pourraient gravement fragiliser les institutions actuelles. Une telle alliance risquerait de reconfigurer la rébellion en profondeur et d’effacer, aux yeux de certains, les crimes reprochés au M23 ».

Si certains estiment qu’un tel choix reviendrait pour Kabila à se tirer une balle dans le pied au regard de son héritage politique et de sa réputation à préserver, d’autres redoutent un embrasement généralisé du pays, pire que celui des années 2000 avant le dialogue inter-congolais de Sun City.

L’entourage de l’ancien président, sans donner de détails, a annoncé une prise de parole par le Sénateur Joseph kabila dans les heures ou jours à venir. Le contenu de ce discours, s’il aura lieu, est très attendu. Il pourrait clarifier ses intentions… ou semer davantage le trouble. Affaire à suivre

Anicet Kimonyo

0 thoughts on “AFC-M23: Face au mutisme, l’arrivée de Kabila instrumentalisée pour légitimer la guerre ?

  1. Le Congo n’a pas de chance, un pays riches en diversité…. Mais contraint à vivre toujours dans la guerre

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