
Exploitation illicite de l’or par les groupes armés au Nord-Kivu et en Ituri : la RDC perd plus de 5 milliards USD chaque année
La République Démocratique du Congo (RDC) perd chaque année plus de 5 milliards USD dans le secteur minier dans sa partie orientale. C’est ce qu’a révélé Joseph Kazibaziba, Directeur Général de la société DRC Gold Trading SA, lors d’une conférence de presse ce jeudi 13 novembre 2024. Il a précisé que plus de 50 tonnes d’or sont exportées de manière frauduleuse dans l’Est de la RDC, ce qui constitue un manque à gagner pour l’État congolais.
« C’est vrai que le défi reste énorme, celui de ramener dans le circuit officiel toute la quantité d’or extrait de manière artisanale. Plus de 50 tonnes sont exportées frauduleusement depuis la côte Est du Congo. Cela équivaut à plus de 5 milliards USD », a-t-il déclaré, en affirmant que sa société est un acteur clé pour canaliser la production artisanale d’or.
Des sanctions réclamées
Cette contrebande minière profite aux pays voisins, notamment l’Ouganda et le Rwanda, a expliqué Jimmy Kighoma, expert en relations internationales et secrétaire général du Bureau d’Études et d’Accompagnement des Relations Internationales en RDC (BEARIC). Selon lui, plusieurs groupes armés sont actifs dans le commerce illicite et l’exploitation minière, notamment au Nord-Kivu et en Ituri. Tout en dénonçant cette mafia qui accentue le blanchiment des capitaux, Kighoma appelle l’État congolais à sanctionner les groupes armés impliqués dans cette contrebande minière afin de permettre à la RDC d’enregistrer des dividendes dans sa caisse nationale.
« Cette situation accentue le blanchiment des capitaux, et nous ne savons pas identifier le circuit de ce qu’ils sont en train de faire. Ces miliciens se concentrent sur le trafic des minerais et des bois plutôt que sur la guerre. C’est pourquoi certains groupes armés occupent des carrés miniers. L’État congolais ne bénéficie rien de ce trafic illicite de minerais, et c’est pourquoi il doit sanctionner ces individus », a-t-il souligné.
La faiblesse des contrôles douaniers et la corruption contribuent également à cette fraude minière, dans laquelle plusieurs groupes armés sont actifs. La restauration de l’autorité de l’État devient une urgence pour pallier cette situation qui fait vivre des individus au détriment de l’État congolais. Consécutivement à cette situation, des groupes armés financés par ces pays voisins émergent dans cette région, avec des objectifs essentiellement centrés sur l’exploitation minière.
Azarias Mokonzi