
Nord-Kivu et Ituri : Lever ou alléger l’état de siège, la double face sur la table
Décrété depuis plus de deux ans, l’état de siège fait l’objet de critiques virulentes au sein de la population, tant dans la province du Nord-Kivu que de l’Ituri, où cette mesure d’exception est en vigueur. Après plusieurs demandes répétées de levée de cette mesure par la majorité des députés nationaux élus de ces deux provinces, ainsi que par des mouvements citoyens et groupes de pression, une mission spécifique a été menée à Goma vendredi 22 novembre 2024 pour évaluer cette situation. Cette mission, qui a eu lieu sur une courte période, se clôturera ce samedi à Bunia, où la cheffe du gouvernement s’est rendue dans le même cadre.
Fin ou maintien de l’état de siège ?
Selon certaines indiscrétions proches du pouvoir, l’état de siège est loin d’être levé, compte tenu de l’ampleur de la situation sécuritaire actuelle dans ces deux provinces. D’après nos sources, malgré les plaintes répétées des députés et des activistes, la position du gouvernement est différente. Dans une dépêche de la cellule de communication du Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, reçue ce samedi par Tazamardc.net, l’équipe gouvernementale, dirigée par la Première ministre, évalue les mesures d’application prises l’année dernière par ordonnance présidentielle concernant l’atténuation de l’état de siège. Il est donc clair qu’il est nécessaire de dialoguer avec les forces vives qui souffrent encore de la non-application des mesures afin d’y remédier dans les meilleurs délais.
Le ministre de la Communication a quant à lui précisé qu’il s’agit de la poursuite d’une mission sur l’allégement de l’état de siège et de l’exécution des mesures d’allègement fiscal accordées aux opérateurs économiques. Cependant, la position du Parlement reste la même : il est impératif de lever l’état de siège pour favoriser la démocratie dans ces deux provinces, où les libertés de la population sont restreintes à cause de cette mesure. Certains observateurs estiment que la pression exercée par plusieurs députés nationaux, dont les leaders souhaitent diriger la province, est liée à une course au pouvoir.
« Il s’agit d’une pression populiste qui leur est profitable. Certains leaders politiques cherchent à prendre le contrôle de la gestion de la province. Le peuple n’a rien gagné, tandis que d’autres sont simplement avides de pouvoir », a déclaré un observateur politique ayant requis l’anonymat.
Depuis le 6 mai 2021, l’état de siège est en vigueur au Nord-Kivu et en Ituri. Décrété pour restaurer l’autorité de l’État dans ces régions, cette mesure semble paradoxale par rapport à la mission qui lui a été confiée. Les autorités militaires se sont principalement concentrées sur l’administration, multipliant les taxes pour doubler, voire tripler, les recettes de l’État, tout en ignorant la mission principale qui est de restaurer l’autorité de l’État. En réalité, la situation sécuritaire s’est aggravée dans ces provinces avec la création de nouveaux groupes armés.
Azarias Mokonzi