Rapport Maping : une lettre morte 14 ans après sa publication ? - Tazama RDC
Rapport Maping : une lettre morte 14 ans après sa publication ?

Rapport Maping : une lettre morte 14 ans après sa publication ?

Ill y a 14 ans depuis la publication du rapport Maping par le Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme. Rendu public le 01 octobre 2010, ce rapport portait sur les violations les plus graves des droits de l’homme commises par les groupes armés en RDC sur une période de 10 ans soit de 1993 à 2003.

Constitué de 550 pages, ce rapport reprend dans sa detaillle, 617 incidents les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commis entre mars 1993 et juin 2003 en RDC.

Des faits hémiplégiques sans suite

En dépit des graves révélations retrouvées dans ce rapport, aucune initiative du gouvernement moins encore de la communauté internationale n’a jamais été observée pour soit sanctionner les auteurs ou encore indemniser les victimes, regrette maître Justin Matete, coordonnateur de l’ONG « Forum de Paix ». Ce dernier dénonce que les personnes citées dans ce rapport comme soit auteurs, ou complices des graves crimes détaillés dans ce rapport sont malheureusement gratifiées par des fonctions de hautes responsabilités au sommet de l’État.

A l’en croire, cette attitude est considérée comme une moquerie de la part des dirigeants nationaux et mondiaux qui ferment les yeux à cette situation qui « encourage le mal » et écœurer davantage les victimes.

« Tous les crimes ont été cités. On a parlé de crime contre l’humanité, crime de guerre et du génocide. On a même parlé des provinces touchées par ce phénomène. Joseph Kabila à l’époque devrait actionner la machine, mais voyant la liste des personnes emblématiques, il était devant un fait. Les Nations-Unies n’ont pas droit de rester bouche fermée quant à ce fait. Les auteurs qui ont été le problème hier, se cachent derrière le pouvoir pour échapper à toutes formes de sanction et c’est par naïveté du peuple que nos bourreaux d’hier sont gratifiés lors des exercices démocratiques. Nous avons en nous à face des individus qui ont détruit le pays d’une manière ou d’une autre mais qui aujourd’hui viennent nous diriger sous un autre format pour nous diriger et ils profitent de notre naïveté. Nous devons faire revivre l’histoire, car cela nous permet de savoir pourquoi le présent a la forme qu’il a aujourd’hui. Nous devons remettre sous la table tous les anciens dossiers et pointer du doigt accusateurs toutes ces personnes qui ont été citées tentot d’une manière, tantôt d’une autre. Les dirigeants mondiaux qui pèsent sur ces personnes qui ont eu à mettre fin à la vie de plusieurs civils, ils ont des capacités de les sanctionner, ne pas le faire, ce que à défaut vous vous reprocher de quelques choses sur ce qui se passe alors vous entretenez soigneusement ce phénomène et vous y tirer des dividendes » a-t-il déclaré.

Ce dernier indique que le rapport aborde plusieurs pistes de solutions pour mettre termes à toute forme d’impunité.

« Le rapport aborde plusieurs pistes de solutions. Il aborde d’abord l’aspect justice, chose qui ne pas mal, mais il aborde aussi une autre piste celle de réparation des victimes. Au-delà de ça, le rapport propose une réforme de la justice parce qu’avec la forme de notre justice elle est considérée comme une monstre. Quand on demande la réforme, ça veut dire on veut palper du doigt ce principe qui dit que la justice élève une nation et pour y arriver cette justice doit fonctionner. Donc, au delà des sanctions, nous exigeons l’indemnisation des victimes et la réforme de la justice pour éviter que ce phénomène perdure dans notre pays » a poursuivi maître Justin Matete qui demande l’implication de tout acteur et activiste des droits de l’homme pour que cela arrive à être matérialiser.

Un silence coupable

Dans ce même registre, le docteur Mukwege regrette que la volonté politique pour sanctionner les auteurs à travers une justice transitionnelle ne s’est pas encore manifestée.

« Nous déplorons que le programme d’actions du gouvernement pour 2024-2028 ne contienne qu’une mention cosmétique à la justice transitionnelle, ce qui démontre qu’il n’y a pas une réelle volonté politique du régime en place pour faire avancer la justice transitionnelle en RDC, ce qui est très regrettable lorsque l’on sait que l’impunité pour les crimes du passé alimente la répétition des atrocités jusqu’à a ce jour », a-t-il déploré sur son compte X en indiquant que la politique pour créer une justice transitionnelle n’a toujours pas été adoptée.

« « Beaucoup de promesses du gouvernement congolais, mais peu d’avancées concrètes. Alors que le président Félix Tshisekedi avait suscité l’espoir en 2020 suite à l’expression d’une volonté politique de placer la justice transitionnelle à l’agenda du gouvernement lors de son premier mandat, force est de constater que seul un mécanisme non judiciaire, le Fonds national de réparations (FONAREV) a été installé sous l’égide du bureau de la première dame, mais n’est pas encore opérationnel et effectif, ce qui engendre beaucoup de déception dans le chef des victimes. De plus, malgré le lancement d’un processus de consultation populaire sur la justice transitionnelle sous l’impulsion du ministre des Droits humains en 2022 et la mise en place d’un comité scientifique chargé de l’élaboration du projet de politique nationale de justice transitionnelle en RDC, cette politique n’a toujours pas été adoptée 14 ans après la publication du rapport par les Nations unies », a-t-il conclu.

Rédigé par le Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme, « le Rapport Mapping est un document dense et détaillé, basé sur des recherches extensives et rigoureuses effectuées par une équipe d’une vingtaine de professionnels internationaux en matière de droits humains », a fait savoir un historien qui renchérit que « ce rapport fournissait des détails sur des cas graves d’exactions commises par une série d’acteurs armés, notamment des armées étrangères (Rwanda, Ouganda, Burundi et Angola), mais aussi des groupes rebelles et des forces du gouvernement congolais ».

Azarias Mokonzi

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