Goma : AIDPROFEN publie une étude sur la masculinité, les violences et l’adhésion aux groupes armés
L’ONG « Actions et initiatives de développement pour la protection de la femme et de l’enfant » AIDPROFEN a publié un rapport d’étude sur la masculinité, les violences et l’adhésion aux groupes armés, cas du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo. Cette activité s’est tenue en ville de Goma le vendredi 6 septembre. Acteurs de la société civile, activistes des mouvements sociaux, universitaires ou encore journalistes, plusieurs profils étaient au rendez-vous pour comprendre cette problématique.
« L’objectif était de comprendre la perception de la population concernant le rôle des hommes dans la situation des conflits en RDC. Nous avons essayé de comprendre comment la masculinité positive influence les situations des conflits » a indiqué Justin MBUSA, Chef des travaux à l’Université Catholique la Sapietia de Goma et un des chercheurs de cette étude.
Pour Passy Mubalama, coordonatrice de AIDPROFEN, à part les craintes de la balkanisation du pays, l’adhésion des hommes dans les groupes armés est motivée par le devoir de protéger la communauté. « D’après les résultats de ces recherches, les hommes ont des obligations vis-à-vis de leur communauté et de leur famille. Et lorsqu’il y a la guerre, par exemple ; lorsque le village est attaqué, la communauté attend que les hommes soient protecteurs. C’est à eux de faire tout pour protéger les autres membres de la communauté contre tout danger qui peut venir. Les résultats sont spécifiques par rapport aux zones affectées par le conflit mais on pense que le fait qu’il y a toute sorte de perception que les gens se font sur le rôle des hommes dans les communautés affecte la violence. »
Mais, il faut nuancer les faits, les violences se font un peu partout et sous différentes formes, y compris dans les zones estimées paisibles :
« Cela peut dépendre des zones. Dans les zones où il n’y a pas des groupes armés, les hommes sont toujours responsables des violences notamment les violences basés sur le genre. Nous pensons que les zones affectés par les conflits ont une certaine spécificité parce que à tous les contours de la violence dans la région, la question par rapport à l’adhésion au sein des groupes armés touche particulièrement ces zones » estime Passy Mubalama.
Certains entretiens semi-structurés ont été effectué auprès de 30 informateurs importants, parmi lesquels 20 hommes et 10 femmes, issus des autorités locales, des leaders religieux, des représentants des jeunes, des femmes et d’autres couches de la population. « Nous avons mené d’autres entretiens individuels avec 19 membres de deux groupes armés, dont six femmes et 13 hommes. Ces résultats sont le résultat aussi d’une enquête par questionnaire menée auprès de 158 individus, parmi lesquels 69 hommes et 89 femmes » renchérit le Chef des travaux Justin MBUSA
AIDPROFEN suggère le recours à d’autres méthodes pour régler les différends et surtout pousser la communauté à penser autrement : “il est très important de continuer à mobiliser la population parce que dans un contexte des conflits et face aux attentes que la population a des hommes et des femmes, on sent que les normes sociales ont un impact sur la montée des conflits dans la région” dit Passy Mubalama.
Les données de ce rapport ont été collectées dans plusieurs régions dont Bweremana et Lushebere pour le territoire de Masisi, Rusayo et Mudja pour le territoire de Nyiragongo et dans le site de Bushagara qui accueille depuis plusieurs mois les déplacés internes en provenance du territoire de Rutshuru. Cette étude a été menée depuis le dernier trimestre de l’année 2023 par l’équipe de recherche de l’Ecole de formation et recherche en genre et AIDPROFEN avec l’appui technique et financier de Agence allemande de coopération internationale (GIZ).
Akilimali Saleh Chomachoma